Méditation vendredi 15 mai 2020

Bonjour c’est avec plaisir que je vous retrouve aujourd’hui pour ce temps méditatif placé sous le thème de la liberté.

Commençons par un hommage musical des élèves du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Suite aux attentats de Paris en 2015 les musiciens jouent pour la liberté contre l’obscurantisme. Ils s’engagent pour la liberté d’expression, la liberté de culte, la liberté de penser et de dire, la liberté de dessiner et de rire. J’aime beaucoup.


Photo T. Muhlbach.

Méditation : Texte Biblique : Luc 4 v 18 et 19, Jésus parle : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a conféré l’onction pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer les opprimés en liberté, proclamer une année d’accueil par le Seigneur ».

Il a beaucoup été question ces derniers temps de trouver un équilibre entre trois exigences, la première de ces exigences étant la préservation de la santé, la seconde celle de la préservation de l’activité économique, la troisième celle de la préservation de la liberté.

Comment faire pour protéger un maximum de personnes des ravages du Covid sans ralentir trop ou stopper certains secteurs de l’économie ? Comment faire pour protéger un maximum de personnes sans toucher trop aux libertés individuelles et collectives ?

L’ampleur prise par ce triple dilemme au niveau mondial nous rappelle combien les choses ne sont jamais simples. Combien aussi les réponses apportées par les dirigeants des nations à la gestion des crises recouvrent un panel extrêmement large. (Je suis très reconnaissant vis-à vis de toutes les dirigeantes et tous les dirigeants qui restent dans un courant que j’appelle humaniste).

Par contre certains dirigeants en profitent pour faire passer des mesures qui ne seraient jamais passées en temps ordinaires. L’histoire risque de se répéter malheureusement en matière de restriction des libertés. Il nous faut être vigilants plus que jamais.

Je pense particulièrement ici au dirigeant hongrois V. Orban qui vient de se faire remettre les pleins pouvoirs. Il argue du fait que le Covid19 est extrêmement dangereux, il joue sur les peurs et se place en sauveur, en leader à qui il faut accorder un totale confiance. Déjà certaines limites sont franchies. Des Hongrois qui manifestent pour le respect du droit et de la démocratie sont poussés de côté pour ne pas dire plus. La liberté de la presse et la liberté d’expression sont menacées gravement.

En Pologne également le gouvernement tente de faire passer des mesures restrictives qui n’ont rien à voir avec le Covid19. Là aussi, utiliser sur les peurs permet bien des excès.

L’Union européenne reste pour le moment silencieuse par rapport aux dérives nettes de deux de ses membres. Espérons que bientôt un holà net et ferme pourra être prononcé à l’encontre notamment des dirigeants Hongrois et Polonais.

Ceci dit comment pouvons-nous en tant que Chrétiens nous situer et trouver dans l’Evangile un cheminement possible face à ces questions de liberté ?

Je veux d’abord m’appuyer sur les versets 14 à 16 du chapitre 8 de l’épître aux Romains :

« v 14. Car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils (je rajoute : filles) de Dieu. v. 15. Vous n’avez pas reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte ; mais vous avez reçu un esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba ! Père ! (En nous adressant à Dieu). v.16 L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. »

Aucune peur, aucune crainte, aucune menace ne peut nous prendre cette proximité de Dieu, cette adoption qu’il suscite.

Aucune peur, aucune menace, aucune crainte ne peut nous prendre notre liberté intérieure, donnée par Dieu, qui se manifeste forcément par des gestes libérateurs extérieurs, toujours, partout. Pour les Chrétiens que nous sommes, un seul est le Sauveur et le Libérateur de l’Humanité, une fois pour toutes, son nom est Jésus. C’est lui qui nous inspire.

Je pense aussi à une autre injonction triple.  Celle de la liberté, de la santé et de l’économie. C’est l’épitre aux Corinthiens au chapitre 13 v 1 à 13 qui nous la propose.

En voici une relecture que j’aime beaucoup qui remplace le mot amour par Jésus, elle est proposée par Bettina Schaller une pasteure d’Alsace :

« Quand j’aurais même toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, si je n’ai pas Jésus, je ne suis rien. Et quand je distribuerais tous mes biens, si je n’ai pas Jésus, je ne suis rien. Si je n’ai pas Jésus, cela ne me sert à rien. Jésus est patient, il est serviable, il n’est pas envieux. Jésus ne se vante pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il ne médite pas le mal, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité. Jésus pardonne tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout, Jésus ne disparait jamais ».

C’est l’amour de Dieu en Jésus Christ qui met dans notre cœur la dynamique, la braise, le souffle de notre amour les uns pour les autres, pour le monde, et pour Dieu.

Pasteur T.MUHLBACH.

Ecoutons maintenant un poème :

Paul Eluard. J’écris ton nom.

Voici les paroles si jamais, ne résonnent-elles pas comme une prière ?

Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits

Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom. Paul Eluard.

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore

Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes

Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes raisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux

Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre

Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte

Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises

Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits

Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir

Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
LIBERTE.

Bénédiction.

«  En effet, vous n’avez pas reçu un Esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la crainte : non, vous avez reçu l’Esprit en conséquence de votre adoption par Dieu comme ses fils et ses filles. Car c’est par cet Esprit que nous crions : Abba, c’est-à-dire Père ! » Romains 8.v 15.

Dieu vous bénisse et vous garde. Amen.

Ecoutons pour terminer un second morceau de musique :

Verdi : Nabbuco le Chœur des esclaves.

Belle journée. Thierry Muhlbach pasteur.