Méditation de vendredi 17 avril

Je vous souhaite à toutes et tous la bienvenue ce matin. Ecoutons, pour entrer dans ce temps quotidien de méditation, une version particulière du chant bien connu « Amazing Grace ».

 

 

 

Le thème que j’ai choisi pour ce matin est celui du chemin. Quel chemin pour nous après Vendredi Saint et Pâques ? Quel chemin en ces temps de Covid 19, quel chemin pour demain ?

 

 

Photo Damaris Muhlbach.

Mais d’abord, prions avec Jean-Claude Noyé.

Seigneur,
puissent tes Paroles, si fortes et si mystérieuses,
nous aider à reprendre un nouvel élan
afin de poursuivre le chemin, encore et toujours.
Plutôt que de nous laisser habiter par l’inquiétude,
ouvrons grand la porte à cette paix
que Tu nous offres : la paix du cœur.
Confiants dans ta promesse d’être au jour
de la Parousie tous unis en Toi, travaillons
dès aujourd’hui à construire des passerelles
entre nous, à surmonter nos divisions,
partout où nous sommes : dans nos familles,
au travail, dans notre immeuble,
notre quartier ou notre village.
Oui, il y a en nous d’infinies énergies
de compassion. Oui, il y a un bonheur,
dans le don de soi pour les autres.
Viens, Seigneur, Te faire proche pour libérer
en nous cette force d’amour.
Viens nous aider à nous pacifier nous-mêmes
afin de porter la paix aux autres.
Avec Toi, apprenons à devenir
des porteurs de confiance. Amen.

Écoutons maintenant l’évangile de ce jour en Luc 24.13 à 35. Sur le chemin d’Emmaüs.

Méditation.

Nous rejoignons deux disciples de Jésus, Cléopas et son ami, sur le chemin qui les mène de Jérusalem à Emmaüs leur village d’origine. Leur désarroi est grand, la déprime qui les guette est à la mesure des espérances que Jésus avait suscitées en eux avant sa mort. Ils avaient été bercés de promesses, comme les religions savent le faire parfois : un sauveur viendra, il accomplira l’histoire, justice et paix règneront enfin !

Puis plus rien. Tout est par terre, les espoirs sont déçus, le deuil, l’amertume et l’errance l’emportent. Finis les meetings, les grands rassemblements, les chants de joie, les repas faits de pains et de poissons multipliés. Retour au quotidien, à sa souffrance, à ses questions, à l’isolement qu’il comporte.

Cependant sur le chemin « Ils parlaient entre eux… » : ils parlent, ils essaient de comprendre. Ils ne restent pas enfermés sur eux-mêmes. De plus ils acceptent qu’un autre, un « inconnu » se joigne à eux. Notons bien : « un inconnu ». Leurs yeux sont empêchés, à ce moment du récit, de reconnaître son Être véritable.

L’autre, l’Inconnu, – nous ne savons toujours pas son nom – écoute, il entend leur désappointement, il ne les juge pas, ne les critique pas. L’inconnu cependant, tel un prophète, voit plus loin que l’immédiat, il voit l’intérieur des événements. Il reprend tout car il n’a que deux heures de catéchisme pour essayer de leur expliquer, les deux heures de marche de Jérusalem à Emmaüs.

Puis, tous trois arrivent à l’auberge. La nuit va tomber. La parole de l’inconnu les a touchés. Leurs yeux sont toujours empêchés de voir l’intérieur des choses… Ils le pressent : « Reste avec nous… ». L’inconnu accepte de rester avec ces chercheurs de sens. Ils ont encore besoin de quelqu’un qui leur ouvre le chemin.

Pourquoi, de nos jours, de plus en plus, des marcheurs se mettent-ils en route sur les chemins de pèlerinage, pourquoi cherchent-ils des lieux de silence, des refuges de calme et des pèlerinages tout intérieurs en ces temps de confinement ?

Le repas est servi par l’aubergiste anonyme comme l’est le deuxième marcheur qui ne dit pas son nom. Lorsque la Bible procède ainsi c’est pour expliquer que les anonymes représentent quiconque d’entre nous qui écoute.

Ils sont donc trois autour de la table. Puis, c’est le geste traditionnel. L’Inconnu prend l’initiative : « Il prend le pain, prononce la bénédiction, le rompt et le leur donne ». Un geste qu’ils ont déjà vu faire, un geste qui sera pour les siècles à venir le symbole de la foi des chrétiens, partager le pain et le donner au monde, autour de soi. Le pain rompu représente aussi le partage avec celles et ceux que la vie nous fait rencontrer.

L’émotion des deux disciples mais aussi de l’aubergiste est intense. Leurs oreilles ont entendu les paroles de l’Inconnu, maintenant leurs yeux voient son geste… et quel geste ! À ce geste, leurs yeux s’ouvrent. Puis il disparaît à leurs yeux.

Aujourd’hui encore, Jésus le ressuscité, nous est invisible. Nul ne mettra la main sur lui. Ni les plus belles peintures, ni les plus savantes définitions, pas ni les plus beaux discours ou prédications, ou méditations n’y parviendront.

Un geste, mais quel geste nous fait entrevoir l’Envoyé de Dieu… Il imprime son passage dans l’histoire des êtres humains. Tout s’explique pour les deux disciples et ils disent : « Notre cœur ne brûlait-il pas en nous tandis qu’il nous parlait en chemin et nous ouvrait les Écritures ? ».

Le geste qui ouvre les Écritures et leur donne sens. Ainsi donc, pendant qu’ils marchent et qu’ils cherchent un sens à l’histoire de leur vie, déjà, le Vivant marche avec eux. Tandis qu’ils doutent et désespèrent encore, déjà, il est avec eux. Marchant en tâtonnant, sans le savoir, à côté de Lui, ils passent de la mort à la vie, ils ressuscitent et se lancent sur les chemins de la vie. Amen.

Ecoutons comment par un simple geste l’ode à la joie de vivre se déploie et gagne sur la tristesse et la mort sous toutes ses formes.

Bénédiction. Le Dieu qui marche à vos côtés sur les chemins de votre vie, vous bénit et vous garde. Le Dieu qui a pris votre rythme de marche vous soutien par sa grâce. Le Dieu qui touche les cœurs vous rejoint par sa paix. Sa joie de vivre s’est manifestée au matin de Pâques. Vivez-en.

Pasteur Thierry. Muhlbach