Méditation mercredi 9 juin 2021

Bonjour et bienvenue à vous, lectrices et lecteurs de ces méditations du mercredi. Je vous propose aujourd’hui la première partie d’une série de quatre méditations ayant pour thème la rencontre de Marthe et Marie avec Jésus selon Luc 10.38-42. Cette rencontre, à première vue toute simple, est en réalité assez énigmatique. Quel message a voulu nous faire entendre Luc en la racontant ? Luc est en effet le seul des quatre Évangélistes à avoir conservé ce récit. Par ailleurs que signifient l’attitude et les paroles de Jésus qui semblent si tranchées ? Alors bonne lecture et bonne écoute.

Musique : Hevenu Shalom Aleichem. Max Isa

Prière :

Seigneur,
Donne-moi de voir les choses à faire
Sans oublier les personnes à aimer,
Et de voir les personnes à aimer
Sans oublier les choses à faire…
Donne-moi de voir les vrais besoins des autres…
C’est si difficile
De ne pas vouloir à la place des autres,
De ne pas répondre à la place des autres,
De ne pas décider à la place des autres…
C’est si difficile, Seigneur,
De ne pas prendre ses désirs
Pour les désirs des autres,
Et de comprendre les désirs des autres
Quand ils sont différents des nôtres…
Seigneur, donne-moi de voir
Ce que tu attends de moi parmi les autres…
Enracine au plus profond de moi cette certitude
Qu’on ne fait pas le bonheur des autres sans eux…
Seigneur,
Apprends-moi à faire les choses en aimant les personnes.
Apprends-moi à aimer les personnes
Pour ne trouver ma joie
Qu’en faisant quelque chose pour elles,
Et pour qu’un jour elles sachent,
Que toi seul, Seigneur, est l’Amour !

Dans : Une Bonne Nouvelle ça se partage – DEFAP PARIS 2005

 Méditation. LUC 10, V. 38 À 42

Aujourd’hui c’est une première façon d’interpréter et de comprendre ce récit de rencontre que j’aimerai vous présenter. Cette explication de notre texte prédomine au Moyen Âge et à l’époque classique ; on la rencontre encore souvent aujourd’hui. Pour cette interprétation l’affirmation centrale est la supériorité du spirituel sur le matériel.

À l’exemple de Marthe, « absorbée par les nombreux soucis du service », dit le texte au verset 40, nous avons tous de multiples occupations familiales, professionnelles, associatives etc qui accaparent et nos forces et notre attention. Ces occupations ne laissent, en fin de compte que très peu de place pour le spirituel qui est négligé voire oublié. Marthe agit comme la plupart d’entre nous : elle accomplit d’abord les tâches qui lui incombent, elle se consacre avant tout à ce qu’elle doit faire. Ce n’est qu’une fois ce devoir accompli, et, s’il lui reste des forces et du temps, qu’elle peut se consacrer à l’aspect spirituel de la vie.

Chez Marie il en va tout autrement. Pour elle, le spirituel prend clairement la première place, « Marie sa sœur, s’assit aux pieds de Jésus et écoutait ce qu’il disait » v39. Elle écoute le Christ, elle stoppe toute autre activité et s’assied à ses pieds, immobile et réceptive. Jésus, lui, semble privilégier l’attitude et les choix de Marie par les versets 41 et 42 par lesquels il affirme que Marie a choisi la bonne part.

Au Moyen Âge, beaucoup d’auteurs avancent ainsi l’idée de la supériorité radicale de la vie dans les monastères (Spirituelle) sur celle dans le monde (Matérielle). Marie, qui contemple et écoute le Christ, symbolise, selon eux, le moine ou la moniale dans son couvent, tandis que Marthe représente les laïcs, que leurs tracas et leurs travaux éloignent de la vie spirituelle. La bonne part serait donc la vie monastique et par conséquent la mauvaise part la vie dans le « monde ».

Cette affirmation n’a pas plu aux réformateurs du 16ème siècle. Calvin par exemple, accuse cette interprétation de « vilainement pervertir » l’Évangile. Il refuse l’oisiveté pieuse ou la paresse sacrée qui tente constamment les spirituels selon lui et qu’ils cachent souvent sous de beaux noms comme dévotion, adoration, méditation, contemplation ou prière intense.

Luther, ancien moine, s’engage dans le monde, fonde une famille et affirme que la spiritualité chrétienne doit amener le croyant vers le monde. Les Réformateurs soulignent que le croyant ne doit pas négliger le spirituel dont il faut s’occuper et qu’il s’agit de cultiver, mais qu’il ne faut pas et Calvin le souligne fortement, opposer le matériel et le spirituel. La spiritualité doit s’exercer et se manifester dans le métier exercé, dans la vie de famille, à l’atelier, les champs ou la cuisine, et non pas ailleurs, au dehors et en marge des activités quotidiennes.

Voilà exposée une première compréhension qui a suscité et suscite encore bien des débats. Pour moi la vie spirituelle et la vie quotidienne sont intimement liées, une vie spirituelle riche permettant d’irriguer le quotidien et de relever les nombreux défis qu’il pose. Nous verrons par la suite quelles autres interprétations il est possible donner à ce passage de Luc.

Confession de la foi :

Je crois en un Dieu d’amour, sans calcul ni arrière-pensée, qui dans la folie de cet amour, nous accepte tels que nous sommes : homme d’affaires ou bien migrant, délinquant ou chef d’État, petit enfant ou homme de loi. Dieu par exemple de mère Teresa, de Caïn, de Zachée, de Martin Luther King, j’aime ce Dieu, ce Père qui a lui-même inscrit mon nom au nombre de ses enfants.
Dans sa bonté, il nous donne Jésus-Christ, son Fils, homme vivant parmi nous, et qui accepte notre choix en échange de sa vie, éternellement.
Par la puissance de son amour, il nous insuffle élan et joie de vivre, heureux de notre valeur d’être humain retrouvée, et libérés de toutes les fautes, les indifférences et les manques d’amour qui détruisent notre dignité et notre espérance.

Musique :  The Sound of Klezmer. Maxim Solniker

Bénédiction.

Béni soit l’être humain qui s’appuie sur Dieu.
Dieu sera son appui.
Il sera comme l’arbre planté près des eaux qui pousse ses racines vers la fraicheur du courant.
Quand vient la chaleur, l’épreuve, l’angoisse son feuillage reste vert, sa foi et son espérance intacts. D’après le Psaume 1.

Pasteur Thierry Muhlbach

Méditation mercredi 2 juin 2021

Bonjour à tous, j’ai la joie de vous partager une méditation tirée d’un texte biblique. Je vous souhaite une bonne lecture 😉

Il existe plusieurs types de regards. Quel est le vôtre ?

    1. Le regard intense
    2. Le regard mystérieux
    3. Le regard nonchalant
    4. Le regard noir
    5. Le regard glaçon
    6. Le regard aimant
    7. Le regard fuyant
    8. Le regard perçant
    9. Etc.

Il y existe tant de regards différents. Mais aucun regard n’est insignifiant.
C’est pour cela que l’on dit volontiers que « les yeux sont le miroir de l’âme »
En effet, une bonne manière de connaître une personne et de savoir comment elle se sent est de la regarder dans les yeux et d’y observer tout ce que ce regard nous dit. Nos yeux, tout comme nos gestes, en disent long sur nous et parfois bien plus que nos propres paroles.

« Les yeux sont la lampe du corps » (Matt 6.22).

Je vous invite à lire le texte d’Actes 3 versets 1 à 10.

Dans ce passage, nous assistons à une guérison spectaculaire. Il s’agit de l’un des premiers miracles qui suit la Pentecôte. Nous aurions tort de n’y voir qu’une guérison physique. Car comme souvent dans le texte biblique, certains détails nous emmènent ailleurs.

Dans ce texte, il se joue des jeux de regard que l’auteur a pris le soin de noter. Des éléments qui nous invitent à parcourir le texte à travers le regard des personnages et celui de l’auteur dans l’attente de ce que nous y verrons nous-mêmes. Regardons de plus près :

Tout commence par le regard du mendiant dont le texte ne mentionne que peu de choses. On ne connait même pas son nom. ll est seulement amené là, tel un objet que l’on dépose quelque part, afin de rapporter de l’argent. Un gagne-pain en somme. Il regarde et observe ceux qui avancent vers la Belle Porte. Il a sûrement appris à voir venir le bon client de loin, celui qui donnera, qui se laissera toucher par la pitié, celui qui donnera pour ne plus être importuné ou encore celui qui donnera pour se donner bonne conscience (Ou les trois à la fois ?). Il y a tant de raisons de donner et autant de ne pas donner !
Peut-être qu’il regarde attentivement aussi pour discerner chez le visiteur le moindre bijou « d’or ou d’argent » qui dépasserait du col ou d’une manche retroussée. Quoi qu’il en soit, il doit certainement être bien capable de discerner, au premier coup d’œil, si la personne sera docile ou non…Et le voilà qui observe nos deux disciples s’avancer vers lui.

Le texte nous dit que Pierre et Jean le fixent à leur tour. Cela peut paraître anodin, mais ce regard en dit long sur ce qui les habite. Ils le fixent, c’est un regard qui s’arrête, qui n’est pas indifférent, le regard ne fuit nulle part ailleurs.
Puis, Pierre et Jean lui ordonnent : « Regarde-nous ! »
Que leur passe-t-il par la tête lorsqu’ils lui demandent ceci ? Peut-être ont-ils discerné dans le regard de cet homme sa quête pécuniaire ? Ici, le verbe utilisé par l’auteur des Actes exprime un regard métaphorique : voir avec les yeux de l’esprit, discerner mentalement, découvrir et comprendre.
Comme si le mendiant regardait bien Pierre et Jean, mais pas de la bonne manière. S’en vient la pointe de notre discours. Pierre lui dit : « Je n’ai ni argent, ni or; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche. » En d’autres termes, « ce que tu crois voir ou ce que tu attends, je ne l’ai point, mais j’ai autre chose qui est un cadeau inattendu pour toi ».

Un regard renouvelé

Qu’en est-il de notre regard ? Celui que nous portons sur le monde et sur nous- mêmes ? Il me semble que bien souvent, à la place d’un regard confiant, nous affichons plutôt un regard méfiant, soucieux et désabusé.
Notre regard est aussi parfois malade, égoïste. Il se détourne des besoins rencontrés sur notre chemin. Des besoins des autres et même parfois des nôtres que nous ne voulons voir.
On peut détourner le regard, pour des raisons diverses : dégoût, antipathie, mépris, timidité, manque de courage ou embarras…
Pourtant un regard qui s’arrête est déjà un regard qui guérit. Un regard qui affronte le réel. Un réel où le Dieu vivant s’est incarné ne doit pas faire peur, mais nous faire  partir à sa recherche. Non pas pour y trouver notre propre intérêt ou ce que nous pensons être bon pour nous, mais Lui, tout simplement…Lui dont la rencontre est le but à attendre…et la porte à tous les possibles.

De cette rencontre peut naître le miracle d’un changement de regard. Comme pour nos disciples qui sont passés d’un regard soucieux (souvenons-nous de leur attitude lors de la passion) à un regard confiant, qui prend en compte le réel. Un regard transformé par le Père.

Un ami aumônier de rue me faisait remarquer dernièrement à quel point il avait appris à reconnaitre dans la rue des gens dans le besoin. Lui qui, par le passé ne les voyait à peine, les reconnaissait maintenant en un seul regard.

Et si nous regardions autrement ?
A l’heure où les poignées de main et les bises n’ont plus lieu d’être…Et si l’on se faisait de « saint baiser » par le regard. Un regard qui se pose délicatement et tendrement, qui prend le temps de la rencontre, qui salue et qui invite à exister comme l’on existe dans le regard de l’autre. Et ceci à la caisse d’un supermarché, comme dans le bus, par la fenêtre à un voisin ou ailleurs ?
Car grâce à ce regard, comme dans ce texte, la rencontre peut avoir lieu. Celle qui donnera place à un miracle. Un regard et tout devient possible.

 Pour conclure, écoutons ce qu’exprime la peintre à l’oeil affuté, Frida Kalho :

  » Si je pouvais t’offrir une seule chose dans la vie, j’aimerai te donner la capacité de te voir à travers mes yeux. C’est seulement ainsi, que tu te rendras compte de l’être spécial que tu représentes pour moi. « 

Deux chants de louange à choix :

Ouvre les yeux de mon coeur, Paul Baloche & Friends

Et

Je sais qu’un jour, Sébastien Demery et Jimmy Lahaie

Prière

Seigneur, aide-moi à te voir tel que tu es. A faire tomber les images, même celles qui peuvent paraître les plus pieuses, mais qui ne te reflètent pas. Ouvre mes yeux à ta lumière.

Seigneur, aide-moi à m’aimer tel que je suis sans m’arrêter sans cesse sur mes manques et ce qui me fait défaut. Aide-moi à m’aimer assez pour m’accepter mais pas suffisamment pour me passer de toi.

Seigneur, aide-moi à regarder mon prochain, mon voisinage avec amour.
Donnes-moi cette capacité de voir le bien avant le mal, d’être plus bienveillant que jugeant, d’espérer le meilleur au lieu de me méfier sans cesse.

Seigneur si je suis à toi, mes yeux t’appartiennent. Fais-en des outils de bien pour tous ceux qui croiseront mon regard.

Amen

Que Dieu vous bénisse et vous garde.
Que sa douce présence vous accompagne à chaque instant.

A très bientôt j’espère,

Gael Letare