Méditation vendredi 29 mai 2020

Genèse 11.1 – 9   et Actes 2-1-13.

Bienvenue à vous toutes et tous sur le site de la paroisse.

Aujourd’hui à deux jours de Pentecôte je vous propose de suivre les récits bibliques de la Tour de Babel dans le livre de la Genèse et de Pentecôte dans celui des Actes. Ces deux récits forment un tout. Ils illustrent bien le cheminement de Dieu par rapport à l’humanité. Les prières et les apports musicaux illustrent un peu la multiplicité et diversité des talents de notre belle humanité.

Ecoutons : Marie Laforêt avec sa chanson : « la tour de Babel ».

Prions : Prière de Pentecôte rite Orthodoxe. Mgr Stephanos Métropolite d’Estonie.

Roi céleste, Consolateur, Esprit de vérité,
fais-nous comprendre que notre prière à Dieu ne Lui est pas adressée pour uniquement nous éloigner de nos préoccupations et de nos besoins matériels mais pour que nous restions avant tout fidèles au rôle libérateur de son Eglise ; à celui de son Amour fou pour l’homme, emprisonné dans les exigences torturantes de sa nature mortelle ;

Toi qui es partout présent et qui remplis tout, Trésor de grâces et Donateur de vie, fais que notre prière devienne une contestation dynamique et réelle du système de la consommation qui réduit en esclavage une grande part de l’humanité, la privant de Tes bienfaits par l’aveuglement qu’il engendre ;

Viens et demeure en nous, fais que notre prière ne se limite pas à la seule vision myope d’une simple amélioration des mœurs mais que plus encore elle manifeste avec force notre discernement radical entre la vie et la mort : la vie comme liberté de l’amour et la mort comme emprisonnement dans l’individualité naturelle ;

Purifie-nous de toute souillure, fais que par notre prière nous reconnaissions la faiblesse de notre nature humaine, nos divisions, nos scandales, l’indignité des représentants et des membres de ton Eglise et que cette reconnaissance soit pareillement humble à celle du Christ, qui a accepté la mort de l’humanité jusque sur la croix et jusqu’au plus profond des enfers ;

Et sauve nos âmes, Toi qui es bonté,
fais que notre prière en ce temps de la Pentecôte nous identifie avec les faiblesses de tous les hommes afin que, pleinement renouvelés par la paisible beauté du Visage du Ressuscité qui crée toute communion, nous puissions nous aussi réellement remplir notre vocation propre comme signe et sacrement du Royaume. 0, divin Paraclet, que brille en nous la Lumière véritable afin qu’en Elle nous puissions contempler Celui que nous osons appeler Père, grâce à Toi. Amen.

Méditons : Genèse 11.1 – 9   et Actes 2-1-13.


La tour de Babel Bruegel l’Ancien.

Commentaire de l’œuvre de Bruegel.

Voici un récit fondateur de la Genèse qui commence bien. Pour une fois les humains se mettent ensemble pour construire. Chacun apporte sa pierre à l’édifice commun. Pas de violence, pas de guerre et ils ne sont pas même en train de tuer un frère. Le projet commun est négocié et expliqué. A y regarder de près ce projet n’est pas plus excentrique que celui de Noé qui doit construire une arche. Construire ensemble, s’investir, faire avancer les choses je trouve cela magnifique et exaltant. Notre monde contemporain lui-même ne cesse de construire des tours bien plus hautes que celle de Babel.

Pourtant Dieu n’approuve pas cette construction. Pourquoi ce rejet ? Classiquement les théologiens expliquent que c’est parce que l’humanité veut s’élever par ses propres forces vers le ciel pour détrôner Dieu et prendre son pouvoir.

Ce rejet divin peut venir je crois de l’agitation humaine et de la dépense d’énergie colossale qui sont à l’origine de la construction de la tour. Les humains dans le récit de la tour de Babel vivent dans l’angoisse de se perdre dans l’espace du monde, dans sa diversité et de se perdre également eux-mêmes en n’ayant pas de nom. Ce qui motive les bâtisseurs c’est la peur.  Peur de ce qui est étranger, de ce qui est inconnu, de ceux qui sont différents d’eux. Aller à la rencontre de quelque chose ou de quelqu’un que l’on ne connaît pas comporte un danger. Celui, de ne pas se reconnaître soi-même après cette rencontre. Celui d’en ressortir changé bien au-delà de ce que nous aurions souhaité. Oser s’aventurer dans le monde c’est prendre le risque de s’y perdre. Ce que Dieu rejette à mon avis c’est le repli sur soi, la peur de l’autre qui sont à l’origine de la construction d’une tour forteresse.

L’alternative posée par Dieu est bien la suivante : explorer et respecter le monde qu’il nous offre même si la peur nous y accompagne ou alors s’affirmer assez fort pour ne pas avoir besoin de son espace ni des autres.

Dans cette optique l’union des habitants de Babel fait certes leur force, mais elle est surtout le meilleur moyen de ne pas être obligé de se confronter à tout ce qui n’est pas „nous“. Le groupe, comme dans tout phénomène de bande, de repli ethnique ou religieux, est l’endroit où l’on se sent protégé de cet étrange étranger, de ce monde nouveau ou qu’on croit hostile.

Avoir un groupe auquel nous appartiendrons si intensément, c’est ne plus avoir besoin des autres. Et c’est là que l’ombre de la tour prend toute sa dimension. Si nous refusons de nous confronter à l’autre, si nous refusons d’accepter l’inconfort provoqué par la rencontre et la différence, l’Histoire ne peut prendre son cours et la Culture ne peut pas naître. La Vie ne peut pas surgir. Tout ce que Dieu avait mis en germe dans les humains qu’il a créés serait appelé à disparaitre avant d’avoir réellement commencé. Créés à l’image de Dieu, les humains sont appelés à sortir d’eux-mêmes malgré cette peur ancrée au fond d’eux. Créés à l’image de Dieu, les humains sont appelés à rencontrer les autres et l’Autre tout comme Il vient à leur rencontre.

Sur les ruines de la tour de Babel peut se construire Pentecôte et le don d’un Esprit nouveau qui pousse à s’ouvrir aux autres, à vivre en confiance malgré les peurs, à aimer et à espérer. Le Covid 19 génère bien des peurs et bien des méfiances. Il élève des barrières psychologiques bien plus profondes que les gestes barrières indispensables.

L’espace de confiance que Dieu crée à Pentecôte sur les ruines de la tour de Babel est finalement l’espace qui permet de vivre et de respirer. Dieu n’a pas peur de perdre un quelconque pouvoir, il s’est déjà en Jésus, donné comme promoteur de la vie. Sans promoteur honnête et droit il n’y a pas de construction solide ! Le Dieu de la Bible est ce promoteur.

Envoi. Bénédiction.

Pentecôte. Le sens de Ta présence. Cardinal Newman.

Donne-nous le sens de Ta présence,
fais-nous réaliser Ton action.

A tes disciples, Tu as voulu Te montrer,
les initier à Ton mystère,
les habituer à Ton absence.

Donne-nous le sens de Ta présence,
fais-nous réaliser Ton action.

Si Tu n’étais pas parti,
l’Esprit ne serait pas descendu :
Il vient Te rendre présent à tous.

Donne-nous le sens de Ta présence,
fais-nous réaliser Ton action.

Qui Te sent présent doit rendre grâces.
Qui T’a perdu ne doit pas désespérer.
S’il Te cherche, c’est que Tu es là.

Amen.

Notre Dieu vous donne son Esprit de vie, il vous béni et vous garde.

Ecoutons pour terminer la chorale multiculturelle de l’Université de Stellenbosch en Afrique du Sud.

Pasteur Thierry Muhlbach