Méditation mardi 19 mai 2020


CONVERSION DE PAUL

Avant le confinement j’ai rencontré un groupe de personnes pour discuter du texte de la conversion de Paul tiré des Actes des Apôtres. On s’est demandé ce que cet évènement de Damas signifiait. Qu’est-ce qui s’est passé et surtout : Qu’est-ce que cet évènement a à faire avec notre propre vie d’aujourd’hui ?

Paul était une personnalité forte: fanatique oui, mais aussi persistante, conséquente et engagée. Il s’appelait Saul et il était- d’après les textes bibliques- intelligent et avide de s’instruire. Il absolvait beaucoup d’écoles et devenait un maître de la loi. Il connaissait les écritures de l’Ancien Testament et les lois qui réglaient la vie quotidienne de l’époque.


MARC CHAGALL : MOÏSE RECEVANT LES TABLES DE LA LOI

Les maîtres de la loi représentaient un groupe de personnes particulières : Vous vous rappelez que Jésus avait ses difficultés avec eux. A vrai dire, il y avait une fosse entre eux et les disciples de Jésus. Pour Jésus les lois servaient aux être humains, les lois devaient soutenir et aider les gens dans leurs rapports avec les autres et avec Dieu. Les maîtres de la loi voyaient cela différemment : Pour eux il était important, voire inévitable, d’observer ces lois –et il y en avait pleins- strictement et sans exception. Pour eux s’était la seule possibilité d’être proche de Dieu et d’attirer son attention. En observant les lois strictement – ils s’en étaient persuadés- ils arrivaient de gagner la bonté de Dieu. La différence entre ces deux points de vue menaient à des tentions dans la foi chrétienne du premier siècle.

Vous le savez, une des personnes qui persécutait sans pitié les chrétiens de la première époque était justement Saul :
nous lisons le versets 3 au chapitre 8 dans les Actes des Apôtres:
« Saul, lui, s’efforçait de détruire l’Eglise ; il allait de maison en maison, en arrachait les croyants hommes et femmes et les jetait en prison. »

Mais peu après quelque chose de bouleversant se passait :
nous lisons les versets 3 à 9 au chapitre 9 dans les Actes des Apôtres :
« Il (Saul) était en route pour Damas et approchait de cette ville, quand, tout à coup, une lumière qui venait du ciel brilla autour de lui. Il tomba à terre et entendit une voix qui lui disait :
-Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?
Il demanda :
-Qui es-tu Seigneur ?
Et la voix répondit :
-Je suis Jésus que tu persécutes. Mais relève-toi, entre dans la ville, et là on te dira ce que tu dois faire…..Saul se releva de terre et ouvrit les yeux, mais il ne pouvait rien voir. On le prit par la main pour le conduire à Damas. Pendant trois jours, il fut incapable de voir et il ne mangea et ne but rien. »

Un éclaircissement, une lumière tellement claire que Saul perdait sa capacité de voir pour un certain temps. Une conversion : Saul devenait Paul. Une naissance : Paul est tombé à terre, sans pouvoir se relever, avant de ressusciter.
Une crise avec la question incontournable : Pourquoi tu me persécutes, Paul ? Une compréhension : Il s’agit de moi-même, c’est moi qui suis concerné. Paul est touché dans son for intérieur par la voix du Christ. Elle le bascule complètement.

Et avec Paul, le nouveau-né, l’homme converti, touché par Dieu nous écoutons/chantons, louons Dieu :

CANTIQUE 61/52 ALLELUIA

Une crise, crisis en grec, signifie distinction, discernement. Au meilleur des cas une crise sert à nous ouvrir les yeux, sert à nous apprendre de voir avec un regard différent, sert à ce que nous nous relevons et nous fait prendre un autre chemin.
Lors de notre discussion une participante du groupe parlait de son chemin à travers sa crise :
« La mort était un tabou pour moi, ne pas y penser, ne pas en parler, l’exclure et supprimer toute pensée à la mort : je croyais que c’était juste et nécessaire. La mort était mon ennemi et je luttais contre cet ennemi avec toute ma force. La mort n’existait pas pour moi. Mais un jour je suis tombé malade, ce n’était même pas une maladie grave ou inguérissable, mais j’étais obligée de rester au lit, incapable d’ouvrir les yeux, incapable de bouger, de me lever, j’étais obligée de m’occuper de moi-même, j’étais seule avec mes sentiments et mes pensées, dans l’obscurité totale.
Ca durait longtemps, mais peu à peu je comprenais que je me trouvais face à face à ma propre mortalité. Je comprenais que je pouvais arrêter de lutter contre cette mortalité et je comprenais aussi que j’avais le droit d’être faible et malade, que ma volonté d’être forte à tout temps m’agaçait trop. Cet évènement m’a aidé à me voir sous un autre aspect, d’accepter mes faiblesses et avec ça aussi celles des autres. »

La voix de Dieu nous touche de temps en temps. Cela ne doit pas être un évènement tellement bouleversant comme celui de Saul, devenu Paul. Il s’agit plutôt d’une intuition, d’un pressentiment, parfois aussi d’un sentiment de mal être : Est-ce que je devrais changer quelque chose. ? La voix de Dieu nous met face à nous-même et à nos questions, nos doutes, nos craintes et nos choix. Quand la voix de Dieu nous touche, aussi douce et faible qu’elle soit, il est toujours un peu comme au premier jour sur cette terre. Un chaos régnait, nos pensées sont en désordre, les sentiments, chaotiques, certains nous submergent. Il fait nuit. Mais Dieu dit : Que la lumière paraisse ! Jamais Dieu a arrêté de prononcer ces paroles, elles sont encore valables, chaque jour de nouveau. La lumière de Dieu nous touche et nous en sommes concernés, continuellement et nous sommes recréés, sans fin.

Écoutons pour clore cette méditation « la Ballade pour Adeline » de Richard Clayderman

« Que Dieu vous bénisse »

Elisabeth Müller Renner, pasteure