Méditation du jeudi 2 avril 2020

Bonjour à toutes et à tous, que cette journée vous apporte la paix au nom du Seigneur Jésus.
Commençons par un temps de louange avec le chant « Ô quel beau soleil dans mon âme »

Le vendredi 13 mars, nous recevions une première communication de nos instances d’Eglise annonçant des restrictions et les mesures sanitaires qui les accompagnaient.
Pour le groupe oecuménique de Carême qui avait concocté un joli programme, ce fut la stupeur. Chacun essayait de trouver une solution de fortune pour la vente de roses au marché, pour les soupes et la célébration : «On pourrait faire ceci ou cela, comme ci ou comme ça». Ensuite, le groupe a compris que cela allait durer jusqu’à Pâques au moins. Il a bien fallu accepter et renoncer.
Oui, chers amies, chers amis, le Carême 2020 a le goût amer de la frustration. Pourtant, si nous voulons le savourer jusqu’au bout, nous allons devoir ajouter un peu de miel pour l’adoucir.
Cette période de pandémie nous amène à faire des renoncements, à ralentir.
Elle nous apprend que le temps ne nous appartient pas. Et qu’il nous est offert de transcender ce qui arrive. Cependant, elle annonce aussi qu’ une autre chose est possible. A nous de la laisser advenir dans la confiance et par notre créativité.
Mais alors, que reste-t-il alors de cette campagne de Carême ?
Je vous propose d’ouvrir le calendrier, avec ses méditations, ses pistes théologiques, ses témoignages d’engagement social. Et si vous n’en avez pas, vous le trouverez sur le site de Voir-et-agir.ch.
Tout ce matériel conçu par les collaborateurs de nos oeuvres d’entraide n’est pas destiné à finir dans une poubelle.
Je lis donc la page proposée pour le 2 avril…«Tanzanie. Augmenter les rendements».
Ben zut, ça ne me parle pas trop ! Une religieuse sur un tracteur et une communauté qui cherche à augmenter ses rendements quand d’autres parlent de décroissance, ça ne colle pas vraiment avec ce que je voulais vous dire. Et pourtant, je relève le défi du jour.

Un petit tour dans votre Bible
Je vous propose de lire le texte de Luc 12 : 15 à 21.

Que m’inspire ce texte ?
Il aura fallu un virus inconnu pour obliger l’humanité à ralentir. Greta Thunberg, elle-même,  n’avait sûrement pas imaginé qu’en 15 jours les effets du confinement allaient être visibles sur toute la planète.

La nature reprend ses droits, les villes respirent, le bruit des avions et des voitures fait place au chant des oiseaux et au silence. Même la couche d’ozone se restaure.
Pourtant, les groupes écologistes nous avertissent depuis des années : nous devons ralentir, décroître, renoncer à un modèle de société qui ne respecte plus la création.
Alors pourquoi ce tout petit virus a-t-il réussi là où des humains soucieux de la planète peinent à faire changer les comportements ?
Serait-ce la peur de la maladie ? Pire, la peur de la mort ? Les images en boucle à la télévision nous rappellent que la vie est un don précieux et fragile.
Vous avez déjà eu en main un sablier ? C’est le symbole de la vie humaine qui s’écoule, la vie qui s’épuise et disparaît dans la partie étroite de l’objet.
Dans la partie supérieure du sablier : ce qui nous reste, le potentiel de notre vie, la richesse à disposition, le nombre de jours qui nous sont accordés.
Dans la partie inférieure, le mystère de ce qui reste de nous quand la vie a passé.
Que nous dit Jésus à travers cette parabole ?
Voici un homme qui a bien travaillé, somme toute ; la terre lui a donné plus que ce qu’il espérait. Il se demande ce qu’il va pouvoir faire de cette abondance, comment la conserver alors que son grenier est trop petit ? «Pas de soucis, je vais construire plus grand». Quoi de plus banal dans notre société où seule compte la croissance économique.
Pourtant, avez-vous remarqué la solitude de cet homme ? Il est seul avec ses interrogations, personne avec qui prendre ses décisions. C’est donc seul avec lui-même aussi qu’il envisage l’avenir: «Je ferai, je démolirai, je construirai, je rassemblerai» Ce qu’il manque à sa vie, ce sont des relations, des amis avec qui partager sa joie et ses biens.
Jésus nous met en garde quand nous sommes tentés de thésauriser pour soi, à la manière de l’homme riche qui a totalement oublié Dieu et s’est mis au centre de tout. Il nous exhorte à nous enrichir auprès du Seigneur, de laisser advenir le don de la grâce, ce qui implique de renoncer à tout accaparer pour son seul usage.
Dieu intervient dans l’histoire pour rappeller à l’homme qu’il est «insensé», un homme qui a perdu le sens, le sens dans lequel coule le sable du sablier et qui perdra sa vie.
Pour terminer, revenons au calendrier : les soeurs de Masasi en Tanzanie ont bien compris le sens de cette parabole. Si elles travaillent à augmenter leurs rendements, elles le font dans le respect de la création et pour le bien de la communauté.

Prions ensemble : Fais de moi ce que tu veux (une prière du pasteur Marc Rossier)
Entre tes mains, Seigneur, je me mets tout entier.
Tu m’as créé pour être accompagné, par toi et par mes prochains
Je ne veux plus penser à moi-même.
Je veux te suivre, permets-moi de faire route avec toi
Que ce soit dans la joie ou dans la peine, je veux t’accompagner
même si je dois renoncer à mes projets, à mes plaisirs et à mes richesses
tout ce qui me tient loin de toi, loin de mes sœurs et de mes frères,
et qui me replient sans cesse sur moi-même.
Seigneur, fais de moi ce que Tu veux !
Je ne marchande pas, je ne cherche pas à savoir à l’avance
ce qui m’attend et quels sont tes projets sur moi
Je me donne à toi pour que Tu m’y conduises.
Je veux te suivre même dans l’obscurité du futur.
Je ne te demande que la force pour aller à la rencontre de ceux qui m’attendent et qui m’enrichiront de leur présence.
Seigneur, je veux vivre, être riche à tes yeux
Et demander ta bénédiction sur chacune de mes rencontres. Amen.

Belle journée à vous. Soyez bénis, vous qui êtes riches de l’amour de Dieu
Christine Phébade Yana Bekima

Bibliographie :
Chant : Le pasteur Amaury Charras et ses filles. Culte du 29 mars 2020
Renoncer, la joie du détachement, de Catherine Aubin, Ed Salvator, 2020
Choisir de ralentir. Je passe à l’acte, de Nelly Pons, Ed.Actes Sud, 2020
Calendrier de Carême, PPP, ADC, campagne 2020