Méditation du jeudi 16 avril 2020

«Tu es prêtre pour toujours à la manière de Melkisedeq»

Accueil

Au nom du Seigneur, recevez la paix et la grâce, vous toutes et tous qui nous suivez sur le site de la paroisse ou par le biais des réseaux sociaux.

Voilà, nous y sommes. Le Carême et ses activités, Pâques et ses oeufs en chocolat sont déjà derrière nous.

Les œuvres d’entraide nous remercient d’avoir parcouru les différents stands présentés dans le calendrier «Je récolte ce que je sème». Aussi, nous attendrons patiemment ce qu’elles auront à nous apprendre l’an prochain.

Alors que reste-t-il de la campagne 2020 ?
Qu’allons-nous retenir de nos lectures ? Que pouvons-nous mettre en route ?
Je vous invite à le reparcourir et à noter des pistes possibles pour vous ou pour votre paroisse, avant le jeter à la poubelle.

Prenons un temps de louange
au Dieu créateur, avec un extrait du psaume 104.

Seigneur mon Dieu, Tu es si grand !

Tu es vêtu de splendeur et d’éclat
Tu t’enveloppes d’un manteau de lumière.
Tu as déployé les cieux comme une tenture.
Tu as placé ta demeure encore plus haut 
Les nuages te servent de char.
Tu te déplaces sur les ailes du vent.
Les vents sont tes messagers
et le feu est à ton service…
Du haut du ciel, tu fais pleuvoir sur les montagnes
La terre se nourrit du fruit de tes travaux.
C’est Toi qui fais pousser l’herbe pour le bétail
Et les plantes que l’homme cultive
Tirant son pain de la terre.
Le vin réjouit le coeur des humains
en faisant briller leur visage plus que de l’huile.
Le pain lui redonne des forces…

Chant «Psaume de la création», par Patrick Richard

Un petit tour dans la Bible

Genèse 14 : 17 à 20
17 Lorsque Abram revint de sa victoire sur Kedorlaomer et sur les rois qui étaient ses alliés, le roi de Sodome sortit à sa rencontre dans la vallée de Shavé, c’est-à-dire la vallée du roi. 18 Melchisédeq, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin. Il était prêtre du Dieu Très-Haut. 19 Il bénit Abram en disant: «Qu’Abram soit béni par le Dieu très-haut, le maître du ciel et de la terre! 20 Béni soit le Dieu Très-Haut qui a livré tes ennemis entre tes mains!» Abram lui donna la dîme de tout.

Hébreux 7 : 15 à 17
15 Et cela devient encore plus évident quand apparaît un autre prêtre qui est comme Melchisédeq, 16 qui est devenu tel, non en vertu d’une loi exigeant une filiation naturelle, mais par la puissance d’une vie indestructible. 17 Car ce témoignage est donné à son sujet : «Tu es prêtre pour toujours à la manière de Melchisédeq».


Je dédie les quelques lignes qui suivent à une amie qui ne manque jamais d’apporter une bouteille de vin après le culte. A voir son sourire et ses yeux pétillants, elle aurait pu inspirer le psalmiste quand il décrit l’effet du vin sur le visage de l’homme (et de la femme!).
Vin de nos fêtes, vin de nos cultes, de la vigne au tonneau, de la cave à la bouteille, le chrétien protestant considère le vin comme une voie possible de relation avec Dieu. (1)

Dans la continuité de la méditation du 9 avril, nous poursuivons notre réflexion sur le sens de la cène ou eucharistie, instituée par Jésus.
Voyons comment les premiers chrétiens et les pères de l’Église ont considéré le Christ ressuscité comme figure du roi-prêtre selon la tradition de Melkisedeq.
Qui est donc cet étrange personnage qui n’apparaît que dans le texte de la Genèse ?
Il est écrit qu’il est roi de Salem et prêtre du Dieu très-Haut.
A la fois roi et sacrificateur, il apporte le pain et le vin pour un moment particulier avec Abram, après la victoire contre une coalition de rois cananéens qui avaient enlevé Loth et sa famille.
Abram est conscient que ce qu’il vit est un « temps sacerdotal », un temps de communion avec un dieu appelé Le Très-Haut (Dieu de la montagne). Le vin et le pain apportés sont les éléments importants des sacrifices offerts par le prêtre. Les libations de vin – parfois mélangées à de la farine et de l’huile – sont répandues sur l’autel et l’odeur agréable qui s’en dégage monte vers la divinité.
Dans les textes anciens, qu’ils soient bibliques ou non, «le vin est indissolublement lié au divin et le divin au vin. La vigne et le vin sont des dons divins. » (2) Ils sont le signe d’un renouveau de la vie, préfiguration d’une résurrection.
Nous y trouvons le symbole dans cette « eucharistie » vétéro-testamentaire partagée entre Melkisedeq et Abram.
Le patriarche reconnaît la légitimité de ce roi étranger comme intermédiaire entre le Dieu très-Haut et lui-même, puisqu’il lui offre le dixième de ses biens et accepte de recevoir sa bénédiction.

L’auteur de l’épître aux Hébreux ose la comparaison entre Jésus et Melkisedeq.
A plusieurs reprises, il cite le verset 4 du psaume 110 : «  Tu seras prêtre pour toujours à la façon de Melkisedeq », un psaume attribué à David, dédié au Messie victorieux de filiation divine, à la fois roi et sacrificateur et trônant à la droite de Dieu.
Il va démontrer que Jésus est choisi par Dieu pour assurer ce rôle du grand sacrificateur, non pas à la manière des humains, qui offrent des sacrifices pour le pardon de leurs péchés.
Au contraire, ce rôle est parfait et ultime, Jésus devient seul intermédiaire entre Dieu et les hommes.
«Prenez et buvez, ceci est mon sang, le sang qui garantit l’alliance avec Dieu et qui est répandu pour la multitude, pour le pardon des péchés». (Matthieu 26 : 27-28)
Si le vin de la coupe devient sang, c’est bien à la symbolique de la Pâque juive que Jésus se réfère, celle de la libération d’Égypte, celle de la joie de la liberté retrouvée.
Même si ces paroles nous invitent à faire mémoire de sa mort, «la nouvelle convivialité alimentaire», instituée par le Christ, est porteuse de la vie merveilleuse promise dans le Royaume de Dieu. (3)
Jésus de Nazareth est l’objet du sacrifice, par son corps donné et par son sang versé, mais le Ressuscité devient le prêtre par excellence, celui qui, assis à la droite de Dieu, préside le moment eucharistique, non plus objet mais acteur unique et éternel de la réconciliation de tous avec Dieu. Amen

Bénédiction

«La paix pour chaque jour,
Une main pour te protéger
Un souffle pour te guider
Un élan pour t’envoler…»

Je confie vos familles et vos projets à notre Seigneur, roi de justice et de paix, avec le Chant «Que tu puisses», par Marysol et Amaury Charras

Christine Phébade Yana Bekima

Bibliographie

         (1) Esprit du vin, esprit divin, Olivier Bauer, Ed. Labor et Fides, p.147
         (2) id., Olivier Bauer, p.18
         (3) id., Simon Butticaz, p. 87-88