Je vous invite à lire les versets 19 à 23 dans l’Evangile de Jean :
« Le soir de ce même dimanche, les disciples étaient réunis dans une maison dont ils avaient fermé les portes à clé, car ils craignaient les autorités juives. Jésus vint, se plaça au milieu d’eux, et leur dit : La Paix soit avec vous !
Après avoir dit ces mots, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : La Paix soit avec vous ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie.
Après ces mots, il souffla sur eux et leur dit : Recevez le Saint-Esprit ! Ceux à qui vous pardonnerez leurs péchés obtiendront le pardon ; ceux à qui vous refuserez le pardon ne l’obtiendront pas. »
Il existait une fois – peut-être que vous vous en souvenez – une grande affiche sur laquelle on ne voyait que des portes. Des grandes et des petites de tous les bâtiments possibles, des portails de différentes couleurs et formes, mais elles avaient toutes une chose en commun : elles étaient bien fermées. Qu’est-ce qui pouvait se cacher derrière ces portes ?
Dans notre texte, il y a aussi une porte fermée et nous entendons parler de l’angoisse des disciples. Ils ont perdu leur maître qu’ils ont suivis à travers le pays. Ils sont perdus eux aussi maintenant, ils sont quasiment devant le néant. La mort de Jésus à la croix les déstabilise complètement.
Mais voilà tout d’un coup, au milieu d’eux, il y a ce personnage dans la chambre où ils se trouvent tous. Ils entendent sa voix : La paix soit avec vous. Et en voyant ses plaies, ils reconnaissent Jésus, le Christ, et furent remplis de joie.
Quelque temps après, cette expérience se répète. Cette fois, les disciples se trouvent au bord du Lac de Tibériade. Nous ignorons la raison, mais toujours est-il que Pierre prend la parole et dit : je vais à la pêche. Et les autres le suivent. Mais ils n’ont pas de chance durant cette nuit. Les filets restent vides, pas de nourriture pour eux et les leurs.
C’est une histoire – on pourrait dire – presque banale et pourtant elle se trouve dans la Bible. En la feuilletant, on tombe sur des personnalités extravagantes, sur des rois, des guerriers, mais aussi sur des personnes pitoyables : sur des mendiants, des malades, des obsédés. Cela nous montre que la tradition de la foi chrétienne ne se construit pas des dogmes, mais des expériences de la vie quotidienne. Elle nous parle de tout le spectre de la vie humaine : de la joie et des difficultés, de la santé et la maladie, de l’amitié et de l’hostilité, de la victoire et de l’échec, de l’espoir et du désespoir : tout cela nous est raconté.
Les 7 disciples dans notre histoire ne sont pas des héros, mais des êtres humains qui se trouvent dans une situation entre courage et désespoir. Je suis sûre qu’ils étaient désespérés le matin de leur pêche infructueuse.
Mais voilà, de nouveau, tout à coup, un personnage apparaît au bord du lac et leur demande : avez-vous quelque chose à manger ? Non, malheureusement pas et l’histoire continue en racontant comment les disciples suivent le conseil de Jésus et trouvent de la nourriture en abondance.
Ces histoires sont des exemples typiques de la façon dont la Bible nous parle de Dieu. Elle est l’incarnation de la façon dont la Bible nous parle de la relation entre Dieu et les êtres humains.
Nos disciples sont en train de s’enfermer, de désespérer. Et tout juste au milieu de ce désespoir apparaît celui qui a changé le visage du monde il y a plus de 2000 ans. Il apparaît, celui qui a appelé Dieu papa. Il a alors parlé d’un Dieu aimant, qui nous a créé-e-s selon son image. Notre Dieu n’est donc pas un Dieu absent, Dieu n’est pas loin de nous, inaccessible. Dieu est plutôt là, où les gens se rencontrent, là où ils travaillent, fêtent, expriment leurs sentiments de tristesse et de crainte. Dieu se montre à nous, il vient à notre rencontre dans notre quotidien et dans tout ce que nous portons et subissons.
Dieu – c’est ainsi que l’on pourrait conclure – nous assiste dans tout ce que nous faisons. Le Saint Esprit représente le signe de cette assistance, le Saint Esprit qui nous a baptisés. Un signe représentant l’engagement de Dieu envers nous, sans condition.
L’appel de Dieu nous mène à la communauté et à l’engagement : « Ceux à qui vous pardonnerez leurs péchés obtiendront le pardon » dit Jésus à ses disciples. L’appel de Dieu nous mène à nous-mêmes, aux autres et à tous les êtres vivants.
Il n’est pas toujours facile d’entendre cet appel. Nous ne l’entendons pas comme une sirène, mais comme un espoir silencieux dans des moments désespérés, comme une confiance croissante. Avoir la foi ne signifie pas avoir la capacité d’expliquer tout ou croire quelque chose d’extraordinaire. Avoir la foi décrit plutôt une attitude, avoir confiance en la vie et construire une relation détendue face à des insécurités et des instabilités qui font partie de chaque vie. Le prêtre Ernesto Cardenal a décrit cette confiance de la façon suivante :
J’éteignais la lumière pour pouvoir voir la neige et je voyais la neige à travers la fenêtre et je m’apercevais de la nouvelle lune. Mais je me rendais compte, que la neige et la lune étaient elle aussi, des fenêtres et à travers ces fenêtres tu me regardais.
Chers paroissiens et chères paroissiennes, Dieu nous regarde, Dieu est la force qui nous enveloppe comme un cordon fort et qui nous attrape et nous porte comparable à un filet sans aucun trou. Amen
Ecoutons (et chantons) maintenant le cantique 33/35 : Jésus Sauveur, nous t’acclamons
Recevez la bénédiction :
« Notre Dieu
laisse grandir en nous
la lumière et le sel
la force et la résistance
et bénis-nous
avec la flamme de l’espérance et le goût de la vie. » Amen
Elisabeth Müller Renner, pasteure