Méditation samedi 23 mai 2020

Chères paroissiennes et chers paroissiens,

Bienvenue pour ce temps de « culte » centré sur la gratitude et la reconnaissance pour tous les dons de la création.  J’aimerais d’emblée commencer par une de mes histoires juives préférées :

Lorsque Dieu a créé l’humanité, il a demandé aux anges ce qu’ils pensaient du monde qu’il avait fait. Une seule chose manque, ont-ils répondu, c’est la louange du créateur.

Alors Dieu créa la musique, le chant des oiseaux, le souffle du vent, le murmure des océans et il planta la louange dans le cœur de l’homme.

Alors chantons et louons notre Seigneur et créateur du ciel et de la terre !

Chant : Mon Dieu tu es grand, tu es beau (psaume de la création)

Prière de louange (Frère Henri)

 Je t’adore, ô mon Dieu, dans ta création.
Ta gloire et ta beauté emplissent l’univers.

Qui peut Te nier en contemplant tes merveilles ?

Fleuve, arbres, collines, vallée fertile,

Tout a jailli de Toi en un éclair d’amour.

Béni sois-tu Seigneur

Tu as voulu la brume estompant l’horizon,

Les échos assourdis d’un orage lointain,

Les nuages féconds et les rochers immuables,

Les méandres paresseux d’un fleuve assagi,

Les sous-bois obscurs et les taillis mystérieux,

Les bêtes des bois, le chant aigu d’un oiseau,

La grâce légère et diaprée d’un papillon

Et la noire tribu des fourmis affairées.

Béni sois-tu Seigneur

 

Tu as conçu la souple palette des verts :

Vert amande des eaux, vert sombre des collines,

Vert tendre des prés, vert pâle des taillis,

Vert jaunissant des chaumes aux épis engrangés.

Béni sois-tu Seigneur

Après Toi, sont venus les hommes, tes enfants.

Au long des âges, par leur sueur et leurs mains,

Leur intelligence aussi et leur volonté,

Ils ont tracé des routes, posé des rails,

Creusé des canaux, bâti des maisons,

Imprimé sur le sol le damier de leurs champs,

Associés au travail de ta création

Que, dans ta bonté, Tu leur as permis d’achever.

Béni sois-tu Seigneur

Oui, Je te bénis, mon Dieu, pour tant de beauté.

Je Te bénis de la part qui revient aux hommes.

Je Te bénis de m’avoir donné ce paysage :

Par-delà mes yeux, il réjouit mon cœur.

Mon âme et mon être entier, aspirés vers Toi,

Exultent de joie dans un chant de gratitude

Et, tout humbles, t’offrent ce sourire qu’ils ont reçu de Toi.

Ton nom Seigneur est un nom magnifique (Alleluia 8)

Lectures : Psaume 8   et Romains 8, 14-17

Méditation

Le confinement a eu des conséquences négatives sous bien des aspects, mais il a aussi permis à beaucoup de personnes de se reconnecter avec la nature, avec le silence et le calme, à l’abri de l’agitation et du bruit causés par la vie trépidante et le trafic.

Nous avons de la chance de vivre à proximité de la nature, dans nos villes et villages et nous pouvons en faire l’expérience presque chaque jour : nous mettre en contact avec des animaux, petits ou grands, écouter et voir les oiseaux voltiger, contempler et sentir les fleurs, les fruits, toucher la terre, les arbres ; cela nous ouvre à tous nos sens, nous éveille à la joie de vire, à la légèreté et à la gratitude.

Et si la spiritualité, cela commençait tout simplement par retrouver ce lien avec la nature et par s’émerveiller, se réjouir pour un petit rien, pour cette petite fleur qui a poussé sur un sol rocailleux, pour cette jument grosse à éclater d’un futur petit poulain, pour ces champs d’herbes ondulants sous la brise comme des vagues, pour cette volée de moineaux à la recherche de quelques miettes sur la terrasse…

L’émerveillement est sans aucun doute un chemin vers la Source, notre origine et notre but ultime. Je crois que plus que jamais nous en avons besoin dans un monde désenchanté et voué aux idoles de la consommation et de la production effrénées.

Le désenchantement nous éloigne de Dieu, comme la plainte et les lamentations, quand celles-ci deviennent une manière d’être.

Bien sûr, il y aurait mille et une raisons d’être découragés et de se plaindre, et la pandémie a encore aggravé la situation économique de millions de personnes à travers le monde ainsi que les tensions sociales. Il y aurait aussi des raisons très sérieuses de nous inquiéter pour l’avenir de notre planète…

Malgré tout, le chemin de l’émerveillement n’est-il pas un chemin à choisir chaque jour ?

Un choix qui ressemble souvent à un combat, combat contre nos propres résistances, nos automatismes, nos enfermements, nos désespoirs et nos découragements.

Au cœur du psaume 8, il y a ce verset surprenant : par la bouche des nourrissons, tu as dressé une forteresse contre tes adversaires, pour réduire au silence l’ennemi le plus acharné.

En d’autres mots, au cœur de ce monde parfois cruel et violent, Dieu choisit les gazouillis, les louanges « sans mots » des plus petits pour faire sa place dans notre cœur, dans notre monde, et pour taire les voix en nous et autour de nous qui nous invitent au désenchantement, au découragement, à l’incrédulité et à l’inquiétude.

A nous d’être attentif à tous ces gazouillements, à tous ces signes, ces invitations, ces interpellations qui nous montrent qu’au-delà du visible, il y a une présence, une présence invisible mais réelle qui nous porte.

Notre monde, nos visages sont le berceau d’une substance créatrice d’amour, d’une force bienveillante qui nous entoure, qui nous protège, qui nous porte et nous conduit.

Nous avons été marqués du nom du Christ, nous n’avons pas reçu un esprit qui nous ramène à la peur, mais un Souffle qui fait de nous des fils et des filles du Dieu vivant. Et nous sommes responsables de la réponse que nous faisons à ce don. Nous sommes responsables de la posture que nous adoptons dans nos vies, repli ou redressement, plainte ou reconnaissance.  Pouvons-nous nous encourager les uns les autres à ne pas céder à la morosité de notre temps, mais à choisir le plus souvent la louange ?

La louange qui n’est pas l’oubli de la souffrance, mais l’invitation à croire que sous chaque « main-tenant », c’est une main qui se tend et qui nous invite à dire oui et merci…

Sans oublier que nous sommes tous quel que soit notre âge, des êtres en chemin, des êtres toujours à naître et à renaître à l’esprit d’émerveillement et de confiance.
Que le Souffle de Pentecôte nous oriente vers une vie plus légère et plus confiante, que nous recevions du Christ son souffle d’amour et de paix, pour vivre avec humilité et responsabilité sur la terre qui nous a été confiée.

Et le ciel s’ouvrira et nos yeux contempleront le Royaume promis, à l’œuvre ici et maintenant au milieu de nous, au cœur de la création, au creux de nos relations et dans les profondeurs de notre cœur. Amen.

Gloria in excelsis Deo de Vivaldi

Confession de foi

Je ne chante pas tous les jours Seigneur

Le rire n’est pas accroché à demeure dans ma bouche

Et l’extase n’est pas au rendez-vous

Au lever de chaque matin !

Mon existence navigue dans la tonalité moyenne

Entre heures pleines et heures déchiquetées

Entre clairières ensoleillées et champs ratatinés sous la pluie,

Entre espérances et désillusions,

Entre confiance et doute.

Les airs de danse ne sont pas au menu de chacun de mes instants,

Et pourtant, Seigneur, avec bonheur, je te rends grâces !

Car tu marches avec mes côtés, Seigneur

Et ta bienveillance sans défaillance

Offerte par tous les temps

Est le pain quotidien

Qui fait chanter ma chair et mon esprit.

Avec cette nourriture-là,

À nulle autre pareille,

L’allégresse, ruisseau secret

Continue à couler dans mes plaines d’angoisse et même dans mes déserts.

Merci Seigneur !

D’après le « Cantique des Créatures » de François d’Assise, texte de Daniel Meurois, lu par Michaël Lonsdale.

Prière d’intercession

Dieu d’amour, tu es présent dans l’univers et dans la plus petite de tes créatures, entoure de ta tendresse tout ce qui existe. – Nous te prions.

Dieu créateur, apprends-nous à te contempler dans la beauté de l’univers, où tout nous parle de toi. – Nous te prions.

Dieu d’amour, tu fais de nous des protecteurs du monde, apprends-nous à contempler la création. – Nous te prions.

Dieu créateur, éveille notre louange et notre gratitude, donne-nous la grâce de nous sentir intimement unis à tout ce qui existe. – Nous te prions.

Dieu d’amour, aide-nous à secourir les abandonnés et les oubliés de cette terre qui valent tant à tes yeux. – Nous te prions.

Dieu créateur, tu es avec nous tous les jours ; soutiens-nous dans notre lutte pour la justice, l’amour et la paix. – Nous te prions.

Chant de Taizé : Bénissez le Seigneur (paroles du cantique de Daniel chapitre 3)

Envoi

« Vive la Vie ! » dit Dieu.

Et la vie éclate de partout, la voilà qui jaillit au pluriel.

Il y a de la vie qui pousse et de la vie qui court.

De la vie qui chante et de la vie qui saute.

La vie surprend, étonne, évolue, meurt et renaît,

On ne la retient pas !

Elle éclot, sous toutes ses formes, sous toutes ses énergies.

Elle s’appelle vie des arbres, vie des oiseaux,

Vie des êtres et des choses, jours et nuits,

Saisons et époques, ères et milliards d’années…

« Et toi ? Et toi dans tout ça ?

Tu seras le gardien, le veilleur, le jardinier,

Afin que tout cela tourne, danse et chante.

Tu arrangeras et tu transformeras,

Tu inventeras et tu protègeras,

Mais, je t’en prie, n’étouffe pas la vie.

Tout cela je te le confie,

Je remets entre tes mains, tu seras responsable.

Je ne te dis pas quoi faire, ni comment t’y prendre,

Tu verras,

Je te donne une source,

A toi d’apprécier, de mesurer, de comparer,

De prendre des initiatives, de rectifier,

De te relever, de repartir…

Alors, vas-y, je te fais confiance.

Et vive la vie ! »

Bénédiction (inspirée d’une bénédiction irlandaise)

Que sur ton chemin le soleil de la tendresse du Père te réchauffe et te montre la direction à suivre

Que le vent de son Souffle Saint soit toujours dans ton dos pour te pousser sur ta route et te donner le courage d’avancer

Que la présence du Fils surgisse à ta rencontre, t’accompagne jour après jour là où tu iras.

Que les pluies de sa Parole arrosent doucement tes champs.

Et, jusqu’à notre prochaine rencontre, que Dieu te tienne dans le creux de sa main.

Karin Phildius, pasteure

Hauser, Benedictus