Méditation jeudi 4 juin 2020

« Justes parmi les Nations »

Salutations
Bonjour amis réguliers ou de passage, bienvenue pour un moment de méditation, offrons-nous une pause spirituelle pour bien démarrer cette journée.
Que le Seigneur vous accompagne et vous donne sa paix.

Réflexion
Avez-vous vu ces images terribles d’un policier maintenant un homme afro-américain au sol, le genou enfoncé dans son coup ? J’ai été atterrée de voir que malgré des protestations de témoins, personne n’a osé repousser ce policier, pas même ses collègues. Comme au bon temps des exécutions publiques, nous avons assisté impuissants à une mort en direct.
Car il faut du courage pour intervenir quand tout le monde vous regarde, il faut du courage pour combattre le mal et l’injustice.
Et si j’avais été sur ce trottoir de Minneapolis, qu’aurais-je fait ?

Ce matin, j’ai à cœur de rendre hommage à toutes celles et à tous ceux qui se battent pour leurs droits.
De Hong Kong à Washington, en passant par Pékin, Gaza ou Berne. Oui, Berne car chez nous aussi, on peut être jugé et condamné pour délit de solidarité.

Si j’avais été allemand, aurais-je eu le courage de refuser le nazisme ? Si je me trouvais sur les côtes libyennes, aurais-je la force de lutter contre l’esclavage qui sévit et contre les passeurs ? Si j’étais un étudiant à Hong Kong, serais-je parmi la foule pour réclamer la démocratie ? Et si j’étais une femme afghane, aurais-je le courage de ne pas porter la burka ?
Avec ma collègue Françoise, nous préparons le prochain culte des Réfugiés. Dans ce cadre, je reçois l’information d’une manifestation qui se tiendra à Berne les 20 et 21 juin en mémoire des morts de la Méditerranée : « Les Nommer par leur nom ». Il s’agit d’écrire les 2000 noms de personnes ayant voulu fuir leur pays pour un avenir meilleur et qui ont perdu la vie en mer ; une façon de rendre visible le drame qui se joue à huis-clos, dans l’indifférence des pays européens. Une journée pour ne pas oublier.
C’est un vrai combat pour nos démocraties de résister à la tentation de l’endurcissement. L’accoutumance aux images violentes dont nous abreuvent les médias ferme nos yeux et endort nos consciences.
« La torture se nourrit du silence » (ACAT) et « se taire est un crime » (Mission chrétienne de l’Est)

« Si j’étais né-e en 17 à Leidenstadt…aurais-je été meilleur ou pire que ces gens, si j’avais été allemand ? ».
Écoutons ensemble la chanson de Jean-Jacques Goldmann en prêtant attention aux paroles.
Si j’étais né en 17

 Je vous emmène faire un petit tour dans la Bible

Ésaïe 49 : 15-16

15 Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle allaite ? N’a-t-elle pas de l’amour pour le fils qu’elle a mis au monde ? Même si elle l’oubliait, moi je ne t’oublierai jamais.

16 Voici ! Je t’ai gravé sur la paume de mes mains. (J’ai gravé ton nom). Tes murs sont constamment devant moi.

Je suis une personne à part entière parce que mon nom est gravé dans la paume de la main de Dieu. C’est là que je demeure. »

Le verset 16 commence par « Voici ». Par ce petit mot, s’exprime toute la détresse de Dieu devant notre manque de foi, obligé qu’Il est de se justifier.

Regarde quelle est la profondeur son amour et la solidité de sa fidélité : « J’ai inscrit ta personne, ton image, ta situation, ton destin, tes besoins, tes fautes, tes actes courageux, ta maladie, tes joies et tes chagrins dans ma main. Tout ce qui te concerne est là ».

Ne dis plus jamais que Dieu t’a abandonné-e, car tu es là dans la paume de sa main ! Quoi que puisse être ton destin, rien ne peut te séparer de Dieu. C’est dire à quel point Il t’aime.

Chers amis, ce verset devrait booster notre vie spirituelle. C’est aussi un puissant encouragement à lutter pour un monde plus juste, que nous soyons des opprimé-es ou des témoins.

A ce stade, permettez-moi de vous livrer un témoignage ; je voudrais rendre hommage à mes grands-parents paternels Rachel et Robert Phébade.

En 2000, mon père a eu le plaisir de recevoir de l’ambassade d’Israël en Belgique, un diplôme d’honneur et la médaille des « Justes parmi les Nations » en reconnaissance de ce que ses parents avaient fait durant la 2è guerre mondiale. Ils avaient caché et protégé deux petites filles juives dont les parents avaient été déportés. Il s’agit de la plus haute distinction honorifique délivrée par l’état d’Israël à des civils.

C’est une fierté et un exemple pour notre famille. Ils avaient la foi et c’est par la foi qu’ils ont agi sans se poser de questions ainsi que beaucoup de membres de leur Eglise.

Mes grands-parents ont fait partie d’une petite minorité, « les Justes parmi les Nations » (littéralement les généreux des nations du monde), qui ont fait preuve d’un courage extraordinaire pour défendre les valeurs fondamentales de l’humanité, se démarquant radicalement du courant dominant d’indifférence et d’hostilité qui prévalut durant la deuxième guerre. Leur foi au Dieu de tous les humains les a guidés dans la décision qu’ils ont prise à ce moment-là.

La plupart de ces Justes ne sont au départ que de simples témoins, le déclic a lieu lorsqu’ils sont confrontés à la déportation ou au meurtre de Juifs. Ils décident à un moment donné de passer à l’action. Ces femmes et ces hommes courageux sont des gens ordinaires comme toi et moi. Qu’ils agissent par conviction politique, idéologique ou religieuse, ils sont soucieux du sort de ceux qui les entourent et sont prêts à risquer leur vie pour sauver, protéger, cacher, soigner, nourrir des frères et sœurs en humanité.

À ce jour, le mémorial national de la Shoah, Yad Vashem, à Jérusalem a reconnu 25.200 Justes parmi 51 nations ; il y a parmi eux des chrétiens appartenant à toutes les confessions et à toutes les Églises, des musulmans et des agnostiques, des hommes et des femmes de tous âges, de toutes conditions. Ils sont des porteurs d’espoir face à l’atrocité, ce sont des êtres humains libres et fiers. Tous les noms ont été gravés sur le Mur d’honneur du Jardin des Justes.

Les 20 et 21 juin à Berne, j’espère que nous serons nombreux à être des porteurs d’espoir pour des millions de femmes et d’hommes en quête d’une vie digne.

« Si j’étais né-e en 17 à Leidenstadt…aurais-je été meilleur ou pire que ces gens, si j’avais été allemand ? »

Un petit jeu : agrandis l’image et trouve le nom de mes grands-parents

Yad Vashem, Mur des Justes, Jérusalem

Pause en chanson « Tu as gravé » Gilbert Gafah

Pensée
« Cela m’importe : Nous ne sommes pas seulement responsables de ce que nous faisons, mais aussi de ce que nous ne faisons pas. (Molière)
Nous n’avons pas le droit de nous détourner, car nous sommes responsables de la destinée des êtres humains en fuite, en mer Méditerranée et ailleurs ».
Alec von Graffenried, président de la ville de Berne

Bénédiction
Dieu des opprimés et des esclaves
Sauve-nous
Dieu des oppresseurs et des passeurs
Pardonne-nous
Dieu des courageux et des justes
Tu ne nous oublies pas
Voici, Il t’a gravé-e dans la paume de sa main
Que le Seigneur te bénisse et te garde
Amen

Christine Phébade Yana Bekima