Culte du 6 décembre 2020

2ème dimanche de l’Avent

Culte méditatif à l’emporter

Accueil

Ne soyons pas tristes et sans espérance ! Dans le visage de Jésus, le Fils en qui Dieu a mis toute sa tendresse pour nous, Dieu nous ouvre un chemin et un avenir ! En ce 2ème dimanche de l’Avent, je vous invite à commencer par ce petit rituel :

  • Allumer la première bougie de l’Avent en disant :
    « Toi qui es Lumière, que ta VOLONTÉ nous éclaire et que ta CONFIANCE nous apaise. »
    (Nous pouvons nous rappeler la méditation de mardi passé sur le OUI de Marie)
  • Allumer la deuxième bougie de l’Avent en disant :
    « Toi qui es Lumière, que ta Parole nous mette en route et en JOIE »

 La pandémie vient tout bouleverser, jusqu’à ce qui fait le sens de nos vies : les liens les uns avec les autres, les visites, les rencontres, les fêtes familiales. Durant ce temps de L’Avent, au cœur de ce contexte difficile, cheminons ensemble fermement sur les pas de Celui qui est notre joie et notre  espérance ; laissons le Souffle de liberté nous mettre en chemin vers la crèche, vers cet événement qui redit que Dieu décide de prendre au sérieux notre histoire au point de venir s’incarner dans un petit qui est confié à une famille humaine et à la grande famille humaine.

Prière*

Esprit Saint, viens souffler tes chants sur nos nuits sans espoir, viens réveiller notre longue attente par un mot, une phrase, une histoire. Mets en route nos cœurs et nos corps vers le lieu de la rencontre, celui de la naissance ensoleillée, là où Marie nous entraîne, au-delà de nos agitations et de nos inquiétudes.
Ouvre nos cœurs à la Parole pour que nous puissions sonder le mystère du Christ et recevoir la beauté de sa venue ! Amen.

Chant :  O ma joie et mon espérance, le Seigneur est mon chant, c’est de lui que vient le pardon, en lui j’espère, je ne crains rien (2x).

Cantique de Zacharie antiphoné (si vous êtes deux ou plus à la maison)
Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël,
qui visite et rachète son peuple.

Il a fait surgir la force qui nous sauve
dans la maison de David, son serviteur,

comme il l’avait dit par la bouche des saints,
par ses prophètes, depuis les temps anciens :

salut qui nous arrache à l’ennemi,
à la main de tous nos oppresseurs,

amour qu’il montre envers nos pères,
mémoire de son alliance sainte,

serment juré à notre père Abraham
de nous rendre sans crainte,

afin que, délivrés de la main des ennemis,
nous le servions dans la justice et la sainteté,
en sa présence, tout au long de nos jours.

Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ;
tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins

pour donner à son peuple de connaître le salut
par la rémission de ses péchés,

grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu,
quand nous visite l’astre d’en haut,

pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort,
pour conduire nos pas au chemin de la paix.

Silence

Chant : Dieu ne peut que donner son amour, notre Dieu est tendresse

Lecture biblique : la Visitation : Luc 1, 39-46, 56

En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec hâte vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.

Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle et elle fut remplie du Saint Esprit. Elle s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie plus que toutes les femmes, béni aussi le fruit de ton sein. Comment m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque ta salutation a retenti à mes oreilles, l’enfant a bondi d’allégresse en mon sein. Bienheureuse celle qui a cru, ce qui lui a été dit de la part du Seigneur s’accomplira !»

Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! » (…)

Marie demeura avec Elisabeth environ trois mois, puis elle retourna chez elle.

Méditation

Marie saluée par l’ange et choisie pour être la mère du Christ est une figure impressionnante, qui a marqué des siècles de croyants.  Elle entre en toute simplicité et en toute confiance dans le projet de Dieu. Son Oui à ce projet– après l’ombre d’une hésitation « comment se fera-t-il » – fait d’elle le modèle même de la foi, d’une foi joyeuse, humble, confiante.

Le deuxième moment de la vie de Marie est la Visitation : sa visite à sa cousine
Elisabeth, qui elle est enceinte de Jean-Baptiste. Une rencontre bouleversante entre deux femmes qu’en apparence tout oppose, mais qui partagent toutes deux un OUI à la VIE qui les habite et qui les fait se retrouver.
D’un côté, la fraîcheur et la jeunesse de Marie, une adolescente qui franchit seule en hâte les montagnes, de l’autre une vieille cousine stérile, qui a vécu toute sa vie dans l’espérance que peut-être un jour elle pourra devenir mère.
Deux femmes qui entrent toutes deux dans une aventure de maternité pas prévue et pas prévisible.
Deux femmes animées de l’Esprit Saint qui sont dans l’acceptation joyeuse de l’imprévu, jusqu’au plus fou.
Deux femmes qui sont à l’écoute de ce qui tressaillit dans leur corps, dans leur cœur, ce qui se dit de plus grand à travers elles.
Du plus profond d’elles-mêmes, chacune à son tour, elles laissent jaillir une parole :  Elisabeth pousse un cri de surprise, de joie et de reconnaissance envers Marie qui a cru à la Parole du Seigneur ; Marie laisse éclater une jubilation, un chant de louange au Dieu de ses ancêtres dans lequel elle a mis toute sa confiance depuis son enfance (le Magnificat).

Qu’est-ce que cette rencontre étonnante, cette visitation, peut nous dire aujourd’hui en cette fin d’année, alors que les rencontres et les visites sont devenues tellement difficiles à vivre, en raison de toutes les barrières sanitaires exigées et parfois même de l’impossibilité radicale de se rencontrer ?

Peut-être est-ce l’occasion de nous interroger sur le sens de nos visites et de nos rencontres… Comment les vivons-nous ? Comment laissons-nous notre OUI à la volonté d’amour de Dieu s’incarner aussi dans le OUI à nos frères et sœurs ? Dans la reconnaissance des dons cachés que nous portons tous en nous ? Dans une attention à ce qui vibre en nous et entre nous, dans le regard, la voix, le geste, l’attitude…

« Il faut vous réconforter mutuellement et vous édifier l’un l’autre, comme déjà vous le faites ». (1 Thess. 5,11), écrivait l’apôtre Paul.

Quatre propositions concrètes pour ce temps de l’Avent *
– Faire mémoire d’une Visitation que nous avons reçue, ou d’une Visitation que nous avons faite, où nous avons été une Marie pour une Elisabeth.
– Se préparer intérieurement à vivre d’autres « visitations », d’autres rencontres, à l’occasion des cultes de NOEL, des fêtes de famille, même restreintes, écouter les élans du cœur, qui nous inspirent d’écrire une lettre, une carte, de téléphoner à telle personne…
– Etre attentif à notre manière de saluer, d’écouter, à notre manière de prendre congé, en étant pleinement présent à l’autre, par le regard, le ton de la voix, le geste, par une attitude empreinte de bienveillance et d’amour.
– Partager un bout de chemin avec celui, celle ou ceux que le Seigneur placera sur notre route. En tout, gardons le silence intérieur, pour accueillir le Christ présent et tressaillant de joie – ou peut-être souffrant – dans la sœur, dans le frère.
Silence
Faisons silence et notons dans un carnet nos réflexions et les actions à mettre en oeuvre ces prochains jours pour nourrir notre mise en route vers NOEL, dans la joie et l’espérance.

 Chant : Magnificat, magnificat anima mea dominum, magnificat anima mea

Seigneur, en ce temps de l’Avent, nous nous situons dans cette longue chaîne des croyants depuis Abraham, Moïse, et comme Marie et Elisabeth, nos sœurs dans la foi, nous aimerions voir les événements de nos vies avec un regard intérieur, un regard qui médite sur le sens des événements, un regard qui ne se laisse pas troubler, un regard de confiance qui sait voit la lumière qui jaillit même dans les obscurités, les zones d’ombre, les difficultés, l’inattendu.

Comme Marie, Seigneur, fais-nous la grâce de la confiance, et du consentement : que nous puissions dire OUI à notre vie, sous toutes ses facettes, OUI à ceux que nous allons rencontrer ou visiter, écouter ou parler, écrire ou téléphoner.

Oui à tous ces élans qui nous portent à la rencontre des autres et qui nourrissent notre joie et notre espérance.

Comme Marie et Elisabeth, fais-nous la grâce de vraies rencontres, habitées de ton Esprit, fais-nous la grâce de te laisser une place dans nos relations, pour que NOEL ait lieu dans nos cœurs. Amen

Envoi

Comment accueillir le Seigneur ? Comment préparer notre terre ?
Et si nous prenions le temps d’habiller notre cœur de compassion,
Et si nous prenions le temps d’illuminer notre regard de douceur,
Et si nous prenions le temps de poser sur nos lèvres le sourire et la joie,
Et si nous prenions le temps d’ouvrir nos oreilles pour écouter sans juger,
Et si nous prenions le temps mains pour donner et partager,
…et si nous prenions le temps d’écouter la VIE qui tressaille au fond de chacun de nous ?

Bénédiction 

Que notre attente du Seigneur soit sereine, active et joyeuse.
C’est possible car Dieu est proche de chacun de nous.
La bénédiction du Dieu de Zacharie et d’Elisabeth,
la bénédiction du Fils né de Marie,
la bénédiction du Saint-Esprit qui veille sur vous
comme une mère sur ses enfants,
soit avec vous tous.

Chant : Laudate Dominum, omnes gentes, alleluia

* Prière inspirée de : Ecole de la Parole, Marie à l’écoute de la vie.

* Pistes concrètes inspirées de Martin Hoegger, les OUI de Marie.

Karin Phildius, pasteure

Culte du 29 novembre 2020

1er dimanche de l’Avent

Bienvenue à vous pour ce moment de méditation qui marque l’entrée dans le temps de l’Avent !

En cette période compliquée, la préparation de ce premier culte de l’Avent qui devait être intergénérationnel n’a pas pu se passer comme prévu.

Face à cette situation, nous avons décidé de vous proposer quelque chose de tout à fait inédit : reprendre une prédication ancienne.

Il s’agit d’une prédication de Dietrich Bonhoeffer, célèbre théologien allemand né en 1906 et mort exécuté par les nazis en 1945, un mois avant la fin de la guerre. Il avait été professeur de théologie et pasteur.

La prédication a été choisie parce qu’elle a aussi été prononcée un premier dimanche de l’Avent, c’était en 1933. Bonhoeffer avait alors 27 ans, il était pasteur dans la communauté allemande de Londres depuis un mois. De là, il suivait avec attention l’évolution de la situation en Allemagne parce qu’il était déjà très engagé contre l’idéologie nazie. En janvier de cette même année, Adolf Hitler était devenu chancelier et sa stratégie de discrimination des Juifs avait commencé à s’étendre dans tout le pays avec une rapidité fulgurante.

En tant que pasteur, Bonhoeffer se concentrait toutefois sur le fait d’annoncer l’Évangile de manière aussi pure et fidèle que possible, sans y mêler ses propres pensées et son engagement. Cette prédication a été prononcée dans des circonstances tout à fait différentes de celles d’aujourd’hui, mais vous verrez qu’elle est d’une étonnante actualité et qu’elle continue de nous interpeler.

(Au début de sa prédication, Bonhoeffer fait allusion à une grave catastrophe minière qui avait eu lieu peu de temps auparavant dans le pays de Galles.)

M-Claire Pétremand

Bonhoeffer – Prédication pour le 1er dimanche de l’Avent
– 3 décembre 1933 – Londres

Luc 21,28[1]

Quand ces événements commenceront à se produire, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance est proche.

Vous savez ce qu’est une catastrophe minière. Ces dernières semaines, il en a été question dans les journaux[2].
Le moment arrive où même le mineur le plus courageux durant toute sa vie frémit d’horreur. Il ne sert à rien de cogner contre les parois, tout reste silencieux autour de lui. Il sait qu’au-dessus les gens s’attroupent, mais pour lui le chemin est obstrué. Il sait qu’ils travaillent fiévreusement au-dessus pour dégager les personnes ensevelies. Peut-être que quelqu’un sera sauvé, mais ici, dans le dernier puits ? Il ne reste plus qu’à attendre et à mourir de manière atroce. Mais, quand tout à coup du bruit se fait entendre, comme des coups et des pierres qui se cassent, et quand tout à coup des voix appellent « Où es-tu ? L’aide arrive ! » – alors celui qui était abattu se redresse, son cœur menace d’exploser, il crie : « Je suis là, continue, aide-moi ! Je tiens bon jusqu’à ce que vous arriviez ! Mais faites vite ! » Un dernier coup de marteau désespéré près de son oreille, le salut est proche, encore un et il est libre.
C’est de l’Avent lui-même dont nous avons parlé. Il en est ainsi avec l’arrivée du Christ : « … redressez-vous et relevez la tête, car votre Sauveur est proche ».
A qui parle-t-on ainsi ? Pensez aux prisonniers. Longtemps, ils ont supporté la punition de leur emprisonnement. Il y en a toujours un qui essayait de s’évader, mais il était rattrapé et après c’était encore pire. Et voilà que tout à coup la nouvelle traverse la prison : sous peu vous allez être libérés, vos chaînes vont tomber, vos bourreaux seront liés et vous serez délivrés. Alors le chœur des prisonniers crie : « Oui, viens sauveur » !
Pensez au malade qui, en proie aux douleurs, aspire à la fin de son tourment et voilà que le jour arrive où le médecin lui dit de manière calme et déterminée : aujourd’hui tu seras délivré.
Pensez à l’homme qui a un secret, dont nous avons parlé le jour de la repentance (Busstag) ; à l’être humain qui vit dans une culpabilité non pardonnée et qui perd le sens de la vie ainsi que toute gaieté ; à nous-mêmes qui nous efforçons de mener une vie chrétienne obéissante et qui échouons ; pensez au fils qui ne peut plus regarder son père, à l’homme qui ne peut plus regarder sa femme dans les yeux ; pensez à la catastrophe et au malheur et écoutons encore une fois : « Redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance est proche ». Vous serez libérés ! Votre détresse et votre peur vont prendre fin, votre délivrance est proche !
De même que le père dit à son enfant : ne regarde pas par terre, regarde-moi, ton père – il est dit ici dans l’Evangile : « Redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance est proche ».
A qui est-ce qu’on s’adresse ainsi ? A des humains qui savent qu’ils sont asservis et ligotés, qu’un bourreau les domine et les contraint à des travaux forcés. – A des humains qui sont comme cet homme enseveli, comme ce prisonnier ; à des humains qui aimeraient être libérés. On ne s’adresse pas à ceux qui se sont déjà tellement habitués à leur état qu’ils ne remarquent même plus qu’ils sont emprisonnés, qui se sont résignés pour toutes sortes de raisons, qui sont devenus tellement apathiques qu’ils ne montrent plus d’intérêt quand quelqu’un leur crie : ta délivrance est proche ! Ce n’est pas aux rassasiés et aux satisfaits, mais à ceux qui ont faim et soif que s’adresse cette parole de l’Avent. C’est chez eux qu’on frappe de manière forte et insistante. Et, comme ce mineur enseveli dans la mine, nous écoutons avec la plus grande attention chaque coup, chaque avancée du Sauveur. Est-ce qu’on arrive à imaginer que celui qui a perçu le premier coup de marteau pourrait encore penser à quoi que ce soit d’autre qu’à la délivrance qui approche ? Le 1er dimanche de l’Avent ne nous dit rien d’autre : ta délivrance est proche ! Elle frappe déjà à la porte, est-ce que vous ne l’entendez pas ? Elle se fraie un chemin à travers les décombres, à travers la roche dure de votre vie et de votre cœur ; ça ne va pas vite, mais elle vient. Christ se fraie un chemin vers vous. Il veut attendrir le cœur qui s’est endurci ; en ces semaines d’attente, d’attente de Noël, il nous crie qu’il vient et qu’il nous délivrera de la prison de notre existence, de la peur, de la culpabilité, de la solitude.
Est-ce que vous voulez être libérés ? C’est la seule grande question que l’Avent nous pose. Est-ce qu’un reste d’attente passionnée brûle en nous ? Si ce n’est pas le cas, qu’attendons-nous de l’Avent, qu’attendons-nous de Noël ? Un peu d’émotion intérieure ?
Mais s’il y a encore quelque chose qui s’enflamme à cette parole, mais si quelque chose en nous croit à cette parole, si nous sentons qu’il pourrait encore se passer dans notre vie un tournant vers Jésus-Christ – alors pourquoi ne sommes-nous pas simplement obéissants et n’écoutons-nous pas la parole offerte, criée à nos oreilles « ta délivrance est proche » ? Est-ce que tu n’entends pas ? Attends encore un peu, les coups vont devenir d’heure en heure et de jour en jour plus forts et infaillibles ! Alors Noël sera là et nous seront là. Christ le Sauveur est là.
Peut-être que vous dites : vous avez toujours parlé ainsi dans l’Église, mais rien de tel n’est advenu ! Pourquoi n’est-il rien advenu ? Parce que nous n’avons pas voulu, parce que nous n’avons pas voulu écouter et croire, parce que nous disions : il se peut que telle personne ensevelie ou telle autre soit sauvée, mais le Sauveur ne parviendra pas jusqu’à nous, dans cet endroit si profond, si retiré. Nous n’avons pas d’aptitude religieuse. Nous aimerions bien, mais ça ne nous parle pas. Avec tout cela, nous ne faisons que de trouver des excuses. Si nous le voulions vraiment, s’il n’y avait pas de faux-fuyant, nous commencerions enfin, enfin à prier que cet Avent fasse une pause chez nous. Ne nous illusionnons pas. La délivrance approche. La question est seulement : est-ce que nous la laissons venir à nous ou est-ce que nous nous y opposons ? Est-ce que nous nous laissons entraîner dans ce mouvement qui descend du ciel sur la terre ou est-ce que nous nous refermons sur nous-mêmes ? Ce sera Noël, que ce soit avec nous ou sans nous, cela dépend de chacun. Qu’un tel événement de l’Avent crée quelque chose d’autre qu’un christianisme morose et chétif, cela ressort clairement des deux appels qui introduisent notre texte : « Redressez-vous, relevez la tête ». L‘Avent crée des humains nouveaux. Redressez-vous, vous dont le regard est dirigé vers cette terre, vous qui êtes envoûtés par les événements et les changements qui surviennent à la surface de cette terre. Redressez-vous, vous qui, déçus, vous êtes détournés du ciel vers cette terre ; redressez-vous, vous dont les yeux sont pleins de larmes et pleurent ce que la terre leur a arraché ; redressez-vous, vous, dont le regard coupable ne peut se relever – « redressez-vous, votre délivrance est proche ». Il se passe encore quelque chose d’autre que ce que vous voyez chaque jour, quelque chose de plus important, quelque chose d’infiniment plus grand et plus puissant – percevez-le, soyez sur vos gardes, attendez encore un bref instant, attendez et quelque chose de nouveau va survenir sur vous ! Dieu va venir, Jésus va prendre possession de vous et vous serez des humains libérés !
Relevez la tête – foule des courbés, des humiliés, des découragés ; foule vaincue à la tête basse. La bataille n’est pas perdue, la victoire vous appartient – prenez courage, soyez forts, soyez énergiques ! Ici il n’y a pas de hochements de tête, pas de doute ; parce que Jésus-Christ vient.
Nous posons la question encore une fois : est-ce que nous entendons comment ça frappe et ça bouge et ça va de l’avant, comment quelque chose en nous veut s’ouvrir, devenir libre à la rencontre du Christ ? Est-ce que nous ressentons qu’il ne s’agit pas seulement d’un discours imagé, mais que quelque chose se passe ; que des âmes humaines sont redressées, bouleversées, mises en lambeaux et guéries ; que le ciel se penche vers la terre et que la terre tremble, que les humains sont découragés par l’angoisse et envahis par la joie ? Est-ce que le mineur enseveli peut prêter attention à autre chose qu’aux coups de marteau du sauveur ? Est-ce qu’il peut encore y avoir autre chose d’important pour nous que de prêter attention à ces coups de marteau de Jésus dans notre vie ? Est-ce que dans tout ce qui se passe il peut s’agir d’autre chose que de tendre l’oreille et d’écouter attentivement, que de trembler et de se tendre vers lui ? Quelque chose est à l’œuvre. Puissions-nous ne pas remblayer, mais ouvrir à celui qui veut venir. Au milieu de l’hiver, alors qu’il prêchait sur notre texte durant l’Avent, Luther a crié : « L’été approche, les arbres bourgeonnent. C’est le printemps ». Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende.                Amen.

 

A intervalles réguliers, des échanges ont lieu au sujet de prédications de D. Bonhoeffer, dans un petit groupe. Si vous souhaitez y participer au sujet de cette prédication, vous pouvez simplement me le faire savoir et je vous transmettrai l’invitation en temps et lieu.

M-Claire Pétremand – tél : 032 926 08 19 – e-mail : mc.petremand@bluewin.ch

[1] Gesammelte Schriften, Auslegungen / Predigten – Band 4 – 1931-1944
Traduction : Marie-Claire Pétremand, novembre 2019. Version TOB de la Bible.

[2] Grave catastrophe minière dans le pays de Galles