Méditation mercredi 12 mai 2021

Chers paroissiens, chers ami.es en humanité et dans la foi, voici l’heure de la halte sur la route quotidienne !

Je vous invite pour commencer à vous assoir confortablement, à vous tenir en silence une minute pour laisser les tumultes de vos pensées s’apaiser.

Silence

Prière d’ouverture (inspirée de Lytta Basset in « Traces Vives », Genève, Labor et Fides, 1997)

Dieu notre Père, quand les mots se font rares, quand mensonges et demi-vérités brouillent toutes les pistes,

nous venons nous reposer en ta Parole – sainte, crédible, fiable, et ta Parole apaise notre infinie soif de vérité

Dieu notre Père, quand les mots nous lâchent, quand la solitude du dedans interdit toute parole,

nous venons nous reposer en ta Parole – sainte, crédible, fiable, et ta Parole apaise notre infinie soif de vérité

Dieu notre Père, quand les mots soudain s’embrasent, quand ta compassion se propage de proche en proche, quand ta grâce enfin triomphe de notre surdité

Nous te louons pour ta Parole, sainte, crédible, fiable.

Ouvre nos yeux sur ce qui est au-delà des mots et des évidences,
Ouvre nos oreilles pour entendre ta Parole et la laisser fructifier dans nos vies,
Ouvre notre bouche pour nous apprendre à offrir des mots qui relient et confient. Amen

Communauté du Chemin Neuf : Ecoute, entends la voix de Dieu

Lecture biblique : Matthieu 13, 7 – 19

09 Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! »
10 Les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? »
11 Il leur répondit : « À vous il est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux, mais ce n’est pas donné à ceux-là.
12 À celui qui a, on donnera, et il sera dans l’abondance ; à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a.
13 Si je leur parle en paraboles, c’est parce qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre.
14 Ainsi s’accomplit pour eux la prophétie d’Isaïe : Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas. Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas.
15 Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, – et moi, je les guérirai.
16 Mais vous, heureux vos yeux puisqu’ils voient, et vos oreilles puisqu’elles entendent !
17 Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu.
18 Vous donc, écoutez ce que veut dire la parabole du semeur.
19 Quand quelqu’un entend la parole du Royaume sans la comprendre, le Mauvais survient et s’empare de ce qui est semé dans son cœur : celui-là, c’est le terrain ensemencé au bord du chemin.

Pistes de réflexion

L’expérience de ne pas être écouté.e : qui ne l’a pas vécu un jour ou l’autre dans sa vie ! Que ce soit au niveau familial, conjugal, professionnel, ou au niveau communautaire.

Une expérience commune à toutes et tous et qui laisse des traces dans les cœurs et qui parfois nous conforte dans un sentiment de rejet, de non-reconnaissance, de mépris.

Jésus lui-même en a fait l’amère expérience, dans sa propre communauté, avec ses coreligionnaires. Dans cette fameuse parabole du Semeur, il conclut en reprenant cette citation de l’Ancien Testament :

« Va, me dit le Seigneur, et tu diras à ce peuple : “Écoutez, écoutez et ne comprenez pas, voyez, voyez et ne percevez pas. Épaissis le cœur de ce peuple, appesantis ses oreilles et bouche-lui les yeux, de peur qu’il ne voie de ses yeux, qu’il n’entende de ses oreilles, que son cœur ne comprenne, qu’il ne se convertisse et qu’il ne soit guéri” (Isaïe 6, 9-10).

Saviez-vous que ce bref texte du prophète Isaïe est un des passages de l’Ancien Testament que le Nouveau Testament reprend le plus fréquemment ?  On la retrouve non seulement dans les Evangiles mais aussi à la fin du Livre des Actes (Actes 28, 26-28), entre autres.

Ils constituent comme le testament spirituel de Paul, amené prisonnier à Rome. Ils expriment cette réalité : l’Evangile suscite incompréhension et résistances chez ses coreligionnaires et la conversion des cœurs est loin d’être une évidence, même parmi celles et ceux qui sont convaincus d’avoir la foi et d’être sur le bon chemin.

De fait, on n’en finirait pas de mentionner des passages dans la Bible où le fait de voir ne change rien, le fait d’entendre n’apporte aucun renouvellement de la pensée, aucun changement…Qu’est-ce à dire ?

Le cœur de l’humain est-il à ce point fermé qu’il ne peut pas entendre une Parole qui l’invite à revoir ses certitudes et qui ouvre de nouvelles perspectives d’avenir?

En Matthieu 13 où Jésus cite Isaïe, la Semence répandue représente la Parole de Dieu qui est étouffée, qui ne peut pas grandir, qui est même anéantie (Matthieu 13, 4-7).

Oui, c’est une réalité à laquelle nous sommes confrontés, la Parole ne va pas de soi et elle se heurte sans cesse à nos résistances, nos enfermements, nos refus de voir et d’entendre, et cela pas seulement dans le monde, à l’extérieur de nos communautés, mais aussi à l’intérieur, et même en nous-mêmes.

IL n’y a là rien de neuf sous le soleil, nous sommes un peuple à la nuque raide et l’humain de fait, qu’il soit croyant ou pas, a toujours de bonnes raisons pour ne pas entendre, pour ne pas voir, pour ne pas comprendre…

Il y a donc illusion de croire que tout le monde finit par voir ce qu’il y a à voir, à comprendre ce qui a été dit clairement, à rechercher ce qui va guérir et sauver, à s’aimer et à s’entendre sans conflits, sans confrontations, sans passages par des moments de désert…

Quand une parole qui devrait susciter vie, vérité, changement, redouble en fait les tensions, se heurte à l’incompréhension, se retourne contre soi-même, ce n’est pas automatiquement gage d’authenticité… Ou clairement oui, dans certaines situations !

Pour discerner la Parole fiable, inspirée, authentique dont nous avons besoin pour sortir de nos impasses, peut-être devrions-nous commencer par nous poser cette question :

que signifie que la Parole n’est pas entendue, que la vie manifestée n’est pas vue, que le chemin de l’amour est à ce point obstrué ?

Un autre chemin de discernement est de mettre en lumière tous les porteurs inconnus de la Parole qui vivent parmi nous, le plus souvent méprisés et écrasés dans les ambiances feutrées et souriantes de nos groupes ou les apparences clinquantes de familles unies. IL vaut la peine de les écouter !

Le Christ inaperçu et pourtant visible, le Verbe qu’on essaie de faire taire, mais dont la voix s’entend, constituent un mystère quotidien. Seuls le perçoivent ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre… Et j’ajouterai : ceux qui savent percevoir la voix du silence…

Marie Laforêt, La voix du silence

Autrefois, je ne savais pas
Qu’il est des mots qu’on n’entend pas
Mais un soir une ombre est venue
Qui m’a dit : « Écoute un peu plus
Une voix te parle aux mots inconnus
Entends-tu tout bas la voix du silence ? »

Je m’en suis allée promener
Les peupliers se sont penchés
Pour me raconter des histoires
Qu’ils étaient les seuls à savoir
Et le vent et la mer
Doucement me parlaient
J’entendais
Chanter la voix du silence

Et depuis j’ai vu bien des gens
Qui jetaient des mots à tous vents
Et qui discouraient sans parler
Qui entendaient sans écouter ou proposaient des chants
Que nulle voix n’ont repris
Et leurs cris couvraient la voix du silence

Les hommes ne voient plus les fleurs
Ils en ont pris des rides au coeur
Ils espèrent en faisant du bruit
Meubler le vide de leur vie
Et même au ton, sans un bruit
En gouttes de rosée étouffées
Comme la voix du silence

Toi tu dors à mon côté
Et je n’ose pas te parler
De peur que mes mots se confondent
Avec le bruit que fait le Monde
Mais je t’aime tant
Qu’un jour tu comprendras
Tu m’entendras
Crier les mots du silence

Prière d’intercession

Dieu notre Père,
Les cris du monde viennent à nos oreilles et nous les portons devant Toi !
Cris des exilés qui cherchent refuge, sur la route et dans des camps de longues
années parfois avant de trouver une terre d’asile.
Seigneur, rends-nous et rends nos politiques ouverts à ces cris, nous t’en prions
Cris de familles endeuillées, qui ont perdu l’un des leurs. Que ce soit dans
la maladie, ou à la fin d’une longue vie, cette même douleur du manque de
l’être aimé hurle… O Dieu, dessine pour chacune et chacun des chemins de
réconfort !
Cris de toutes celles et ceux qui se retrouvent dans le chômage, la précarité
économique, la faim, suite à la crise sanitaire ou de longue date déjà…
Seigneur, fais grandir en nous et en notre monde la flamme de la solidarité,
avec courage et clairvoyance, nous t’en prions.
En toute confiance, nous te nommons toutes celles et ceux que tu nous as confiés (prendre le temps de les nommer à haute voix).
Seigneur, entends nos prières, exauce-nous, au nom de Jésus, notre frère en humanité et notre Seigneur. Amen.

Dans notre monde où tout change, où tant de gens sont en difficulté, n’a-t-on pas l’impression d’impasses sans issue. Et d’un Dieu très silencieux…
Rien n’est simple, rien n’est automatique et encore moins immédiat.
Pourtant, la promesse subsiste, comme le rappelle ce poème :

Texte inspiré de Mgr Yves Ramousse, Phnom Penh, Cambodge

Il y a toujours quelque part au monde
Un lotus qui fleurit,
Un enfant qui sourit, un coeur qui s’épanouit…
Il y a toujours quelque part
Une mère qui écoute et qui console,
Un père qui rassure et qui encourage,
Deux mains levées pour la prière,
Deux mains ouvertes pour l’accueil,
Des oreilles attentives,
Une porte qui s’ouvre.
Il y a toujours une chance pour l’amitié et le partage
Dans cette chaîne infinie qui nous unit par-dessus océans et rivages,
Chacun de nous est un maillon précieux…
Chacun de nous est tour à tour
Celui qui donne et celui qui reçoit,
Celui qui parle et celui qui écoute,
Celui qui aime et qui est aimé.

Bénédiction

Recevez la bénédiction du Seigneur, celle qui a été posée déjà par Aaron sur le peuple en marche (Nombres 6.24-26)
Que le Seigneur nous et nous garde !
Qu’il fasse briller sur nous son visage et nous fasse grâce !
Qu’il porte sur nous son regard et nous apporte la paix !
Amen

Bill Deraime : Une porte

Le chanteur français Bill Deraime  qui a écrit ce texte au cours d’une année sabbatique. Sa carrière avait connu un coup de frein, il était pris dans ce système qu’il abhorrait. Alors, il a pris la tangente et a écrit un album-témoignage : la Porte.

« Quand soudain tombait la nuit noire sur tout ce temps passé
À voir briller de vains espoirs dans le ciel gris de nos pensées
Quand nos oreilles n’entendaient plus rien
Rien qu’une voix qui disait du bien
Alors s’est ouverte une porte au fond de la dernière vallée, Une porte étroite illuminée une porte devant l’espace illimité, une porte ensoleillée… »

Karin Phildius, Pasteure