Méditation du 24 mars 2021

Chères paroissiennes et chers paroissiens,

Bienvenue pour ce temps de méditation en ce début de printemps qui ressemble encore pour l’instant à un retour de l’hiver.

Il y a exactement une année nous vivions l’arrêt de toute activité, des cultes, du travail, la fermeture du jour au lendemain de la plupart des commerces, coiffeurs, restaurants, théâtres, cinéma, etc., etc. C’était le début du « confinement ».

Une année après ce long hiver de nos relations réduites au minimum, d’activités à l’arrêt, d’habitudes changées, de café et de restaurants fermés, de théâtres, cinémas, sports…, nous espérions une reprise en ce printemps, que tout puisse recommencer !

Comme le retour du gel après une première poussée du printemps, la nouvelle de fermetures qui durent, ont en quelque sorte ralenti notre élan vital, et refroidi notre espoir que les beaux jours viendront plus vite…

Comme beaucoup de nos contemporains, nous ressentons une lassitude, une fatigue, un ras-le-bol… ! Et nous pensons particulièrement à tous ceux que cette crise sanitaire a plongé dans une crise économique, ou a contribué à un déséquilibre psychique ou encore enlevé des êtres chers, sans avoir pu leur faire un dernier adieu.

Et vous, une année après, quel est votre état d’esprit, comment vous sentez-vous ?

Je vous invite à prendre maintenant quelques minutes pour simplement faire silence et vous poser cette question : comment je me sens ce matin, en ce début de printemps 2021… Plutôt angoissé, inquiet, tourmenté, triste, fatigué ou plutôt serein, confiant, joyeux, rempli d’énergie, d’espoir, d’optimisme. Ouvert à la plainte ou plutôt à l’émerveillement. Ou….

Prière

Jusques à quand Seigneur… Tu connais nos sentiments de lassitude face à cette pandémie qui n’en finit pas… Toutes nos inquiétudes pour l’avenir de nos enfants, pour la santé de nos jeunes, pour le bien-être affectif de nos aînés, pour toutes celles et ceux qui ont perdu leur emploi… Comment nourrir malgré tout la joie, l’espérance, la confiance ?

Nous nous approchons de Pâques : comment nous ouvrir à la joie de la résurrection, cette espérance que de tout passage dans l’obscurité naît la lumière et de toute mort, une vie nouvelle ?

Dieu notre créateur, ta bonté nous a donné le cadeau d’un nouveau matin : aide-nous à quitter hier et à ne pas craindre demain, décharge-nous de ce que nous n’avons pas à porter plus longtemps et ouvre-nos yeux et nos cœurs à cet instant en ta présence.

En ce jour nouveau, nous nous déposons en toi, en ta Parole, pour que dans nos cœurs et dans nos corps, à nouveau coule la source de paix, de joie et de confiance. Amen.

Ouvrons-nous à la louange avec ce chant tout simple de Philippe Corset :

Lecture biblique

Lisons tout d’abord ce passage de l’Evangile de Jean 12, versets 20-26 :

Des Grecs montés à Jérusalem avec ceux qui sont venus adorer Dieu pendant la fête de la Pâque abordent Philippe, un disciple de Jésus venu de Bethsaïde en Galilée :
Nous voudrions voir Jésus.
Philippe, accompagné d’André, va prévenir Jésus qui répond :
L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié.
Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.

Maintenant (que je vais mourir) mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis venu jusqu’ici !
Père, glorifie ton nom !

Chant du Chemin Neuf « Grain de blé qui tombe en terre »

Grain de blé qui tombe en terre, Si tu ne meurs pas,
Tu resteras solitaire, Ne germeras pas.
Qui à Jésus s’abandonne Trouve la vraie vie.
Heureux l’homme qui se donne, Il sera béni.

Méditation tirée de « Dans ma vie, le printemps », écrite par Pierre Stutz, ancien prieur de la communauté de Fontaine-André (page 22s)

Jésus raconte des paraboles de la croissance (Marc, chapitre 4 : parabole du semeur de la graine qui pousse toute seule, de la graine de moutarde) où je trouve une profonde sagesse de vie. Jésus, cet amoureux de la vie était aussi un amoureux de la création.

Ses paroles traduisent l’expérience de croissance et de maturation, de profond abandon à la volonté divine, qui était la sienne.

« Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. »

Cette sagesse de vie existe aussi en d’autres religions, d’autres cultures. Je ne connais aucun chemin spirituel qui ne soit chemin de lâcher prise permanent. Ainsi Lao-Tseu :

« Aller dehors, dans la vie, c’est entrer dans la mort. » Lao-Tseu

Lorsqu’au printemps s’éveille et se fortifie notre appétit de vivre, nous sommes confrontés en même temps à notre peur de vivre vraiment, authentiquement ! En effet, pour vivre en vérité, intensément, avec joie, il faut se donner à la vie, toujours en devenir.

Cela signifie aussi perdre le contrôle afin de ménager un nouvel espace à la confiance.

J’entre dans une nouveauté de vie lorsque je tombe au fond de mon espérance et de mon désir.

Vivre à nouveau va de pair avec l’incertitude de l’attente – elle peut être grande – et avec la confiance que la semence, dans l’obscurité, germe et lèvera.

Intérioriser consciemment les processus de la nature, dans sa vie personnelle et sociale, n’équivaut nullement à se situer dans une idéalisation naïve et romantique de la nature ; c’est faire l’expérience de la force et de la dureté de la vie.

Semer signifie donc renouveler ma confiance en la croissance, faisant le deuil de mes besoins excessifs de sécurité.

Semer, c’est accepter que je ne puisse jamais parvenir à une mainmise sur la vie : celle-ci ne se déploie que moyennant un lâcher prise actif de ma part.

Semer, c’est avoir confiance que la vie se développera et portera du fruit, si je me confie moi-même au fondement de la vie (en Dieu).

Semer, c’est cultiver une patience obstinée, par laquelle je discerne toujours à nouveau les temps d’attente active et les temps d’action.

Contemplons le miracle de la germination (en accéléré…)

Parole d’espérance

« La Résurrection nous est offerte lorsque nous ne demeurons pas dans le deuil de ce qui en nous et autour de nous périt, mais lorsque notre regard demeure attentif à toutes les germes de renaissances et d’épanouissements intérieurs et extérieurs à nous-mêmes. Toute mort porte en elle une perspective de renouveau. »

Anselm Grün, moine bénédictin (citation tirée de la revue Prier, avril 2011, page 11)

Prière du jour 

Seigneur, à travers toutes les crises que nous traversons – sanitaire, économique, sociale, paroissiale, personnelle – donne-nous la confiance que ton Royaume grandit, comme une semence jetée en terre qui pousse jour et nuit sans qu’on s’en aperçoive. Renouvelle-nous dans la foi que tu es à l’œuvre et que tu prépares une moisson. Nous venons à toi et te disons : « Transforme-nous, libère- nous de la peur de mourir et de souffrir, de traverser des passages difficiles et envoie-nous comme des ouvriers de paix et de justice dans ta moisson » ! Qu’en ce jour, nous puissions porter du fruit et semer à notre tour les graines que nous inspire ton amour. Amen

Pour aller plus loin :

« La terreur de n’être rien, je l’ai donnée à la terre comme un fumier pour un grain qui fera fendre les pierres. » Pierre Jacottet

A méditer cette semaine :

Qu’est-ce qui en moi, en nous, dans l’Eglise, dans la société, doit mourir pour que nous puissions, ensuite, porter beaucoup de fruit ?

Bénédiction

Que le Dieu de toute promesse bénisse votre journée et fasse lever en vous la plus belle des moissons

Qu’il vous transforme en semeurs de son Royaume et vous entraîne dans la danse de la vie sans fin, Amen.

Karin Phildius

A choix pour conclure :

Chanson « Prendre le temps » de Andréanne A. Malette

« Sois confiant que l’hiver amènera le printemps »

Un air de printemps avec Antonio Vivaldi