Méditation mardi 10 novembre 2020

Bonjour et bienvenue cordiale à vous qui nous rejoignez pour ce temps de méditation.

Pour commencer

Jésus me voici devant toi, dans le silence J.-C. Gianadda

Se poser et faire silence

Je veux faire silence, Seigneur, et t’attendre
Je veux me taire, afin de comprendre
ce qui advient dans ton monde.

Je veux faire silence et être proche de toi
ainsi que de tes créatures.

Je veux faire silence pour que,
parmi les voix multiples,
je reconnaisse la tienne.

Je veux faire silence et m’étonner que
pour moi, tu aies une parole.

Seigneur, je suis indigne que tu viennes à moi,
mais dis une seule parole et mon âme guérira.
(d’après Jörg Zink)

La certitude que tout était en train de commencer,
la certitude qu’il fallait continuer,
la certitude que cela serait interrompu avant que d’être terminé.
Faire de l’interruption, un nouveau chemin,
faire de la chute, un pas de danse,
faire de la peur, un escalier,
du rêve, un pont,
de la recherche… une rencontre. 

Fernando Pessoa

Ces mots du poète portugais Pessoa figurent en exergue sur le courriel envoyé par le Théâtre du Passage au moment d’annoncer la nouvelle suspension de la saison artistique, ils m’ont interpellée…

Faire de l’interruption, un nouveau chemin de la recherche… une rencontre

Eh oui, nous revoilà (semi)-confinés !
Dans ma grande naïveté, le printemps dernier, j’ai cru que je ne vivrais cette situation qu’une seule fois dans ma vie !

Mercredi, avec les collègues, nous avons ouvert à nouveau en grand le partage d’idées entamé en mars dernier : comment accomplir notre tâche, notre service à la communauté, à l’Église, à la société, alors que toutes nos activités, nos occasions de rencontre, d’action, nos célébrations, nos projets sont suspendus, en raison de la situation sanitaire tragique que nous vivons ?

Différentes pistes ont été retenues : reprendre les méditations en semaine présentées sur le site de la paroisse ;  prendre des nouvelles par téléphone des membres de la paroisse ; partager « en ligne » quelques cultes « faits maison » ; remettre en service le petit groupe des vaillants commissionnaires, etc…

Vous l’aurez compris, il est tout de suite réapparu clairement que le site www.eren-cdf.ch allait à nouveau être fort utile et servir (le temps qu’il faut) de « paroisse invisible » ou de « plateforme paroissiale pour temps de crise ».

Cela m’a fait penser à une photo figurant en première page du dernier numéro des Nouvelles du MIR (Musée international de la Réforme, à Genève).
Il s’agit d’une chaire mobile prêtée par le Musée du Désert de Mialet au Musée de la Réforme. Chaire mobile que l’on dressait au 18 ème siècle pour les prédicateurs dans le maquis cévenol. On y célébrait des cultes clandestins après la Révocation de l’édit de Nantes.

Gabriel de Montmollin, le directeur du MIR, présente cette curieuse chaire et ajoute « elle symbolise la précarité des institutions les plus solides, également la dimension nomade de la religion de la Bible qui se souvient, dans ses plus anciens écrits, que le temple était une arche se déplaçant avec les Hébreux dans le désert.
Cette chaire vagabonde signale une fragilité que tout le monde éprouve aujourd’hui avec la pandémie. Les frontières se déplacent, les usages se modifient, les certitudes sont déjouées. Il faut alors tenter des choses et des discours en acceptant de se laisser déplacer. »

Accepter de se laisser déplacer.
Considérer ce qui arrive comme l’opportunité d’un « déplacement » vers une Eglise plus accessible, selon la belle expression du pasteur Laurent Schlumberger : « L’Église existe d’abord pour celles et ceux qui n’y sont pas. Elle n’a pas pour but de rassembler et de mettre à part le peuple des élus. Elle est envoyée pour témoigner de l’Evangile auprès de tous. »

Certainement, en 2020, il est plus aisé de fréquenter un site internet paroissial pour y découvrir ce qu’il s’y dit/pense/prie, que de franchir la porte d’une église un dimanche matin…

Bien sûr, gardons à l’esprit que tous ces outils « en ligne » sont pratiques, mais ils ne suppriment pas le besoin de lien que nous avons les un-es avec les autres.
Le Pape François l’a exprimé dans sa dernière encyclique publiée en début octobre « Fratelli tutti » : « Internet peut offrir plus de possibilités de rencontre et de solidarité entre tous.(…) Mais la connexion numérique ne suffit pas pour construire des ponts et unir l’humanité. »

Prière

Dieu du monde que nous créons,
et Dieu du monde que Tu révèles,

que notre chemin ne soit pas fait de fuites,
mais de ponts et de liens supplémentaires.

Que notre vie ne soit pas pour nous
mais pour Toi et les autres, toujours.

Que notre vérité ne soit pas
ce que nous façonnons.

Donne-nous plutôt d’accepter la vérité,
plus étrange et plus glorieuse,
de ce qui est déjà :

un monde plus grand, disponible
au travers de ton Amour
immense et infini.
Amen

(prière de la Communauté d’Iona, traduite par A.-C. Rapin)

Pour poursuivre

Tu es le Dieu des grands espaces N. Colombier

Que le Dieu des grands espaces vous bénisse et vous accompagne dans cette nouvelle journée.
Amen

Francine Cuche Fuchs, pasteure

Quelques liens :

Site du Musée international de la Réforme
www.mir.ch

Encyclique du pape François « Fratelli tutti »
http://www.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20201003_enciclica-fratelli-tutti.html