Méditation jeudi 12 novembre 2020

Icône du Fils Prodigue.

Bonjour à vous visiteurs fidèles de ce site paroissial. Je vous invite aujourd’hui à terminer mes méditations autour de la parabole dite du fils prodigue que nous propose l’Evangile de Luc. C’est la figure du Père qui vient clore le triptyque. Je partage également avec vous ma découverte récente des œuvres pour violon de Jean Sibelius. Bonne écoute, bonne lecture et prenez bien soin de vous.

Pour entrer dans la méditation écoutons une romance au violon de Jean Sibelius :

Prière :

Merci, Seigneur,
de nous appeler sur les chemins de la vie !
Pour nous accompagner
dans notre longue marche.
Tu nous as donné
Jésus-Christ, ton Fils.
Il est devenu
notre frère et notre compagnon.
Sur la route, il avance avec nous.
dans la même poussière,
comme n’importe lequel d’entre nous !

Sa présence nous soutient
lorsque les fardeaux nous pèsent,
que tout devient trop lourd.
et que nous ne savons même plus vers où nous marchons.
Sa Parole nous éclaire
lorsque la nuit recouvre le chemin,
faisant disparaitre les repères
auxquels nous accrochions notre foi.

Son pain de vie
nous réconforte
lorsque notre enthousiasme s’écroule.
lorsque le doute s’insinue dans nos engagements,
lorsque le pain quotidien de l’amour
vient à nous manquer
et que la solitude nous enserre de tous côtés.

Merci notre Dieu
pour Jésus-Christ,
notre frère et notre compagnon !
Dans notre longue marche,
il est notre espérance

et nous redit
ton nom de tendresse :
Notre Père !

Charles Singer

Méditation le Père Luc 15,11-32

Le personnage central de cette parabole n’est ni le fils aîné, ni le fils cadet, mais bien le père dont l’attitude nous révèle la compassion et la miséricorde. Le peintre Rembrandt l’a merveilleusement souligné en présentant un Père dont les deux mains accueillent, l’une, masculine, avec fermeté et solidité, l’autre, maternelle, avec tendresse et compassion.

Ce Père, d’abord, donne à son fils cadet la part d’héritage qui lui revient. Puis, contre toute règle de bienséance orientale qui voudrait que son fils entre le premier dans la maison pour aller le saluer, le père sort pour l’accueillir et court se jeter à son cou, le pare d’un vêtement de prince et programme une fête en son honneur. La volonté du père est claire : c’est de rétablir le fils cadet dans sa dignité d’homme sans lui faire peser éternellement le poids de sa faute. L’excès d’amour qu’il lui témoigne est pour lui nécessaire pour transformer son repentir en un nouvel avenir. En le réintégrant comme fils, il l’oriente vers le futur plutôt que de l’obliger à ressasser éternellement son passé et que sa vie ne devienne qu’une faute sans arrêt réactualisée. La force du geste du père est d’inscrire son enfant dans un nouveau temps, celui du fils retrouvé et non celui du fils perdu.

Enfin, il s’émeut de son fils aîné et lui manifeste sa générosité. Car ce qu’il désire du plus profond de son cœur, c’est partager une unité d’être avec chacun de ses enfants. C’est parce que tu es avec moi, que tout ce qui est à moi est à toi, nous dit-il. Charles Péguy écrivait : Si tous les exemplaires de l’Évangile devaient être détruits dans le monde, il faudrait que l’on garde au moins une page, celle qui relate la parabole de l’enfant prodigue pour comprendre enfin qui est Dieu : ce Père qui veille, qui attend, ouvre ses bras, pardonne et organise une grande fête pour le retour de son fils. Voilà de quoi faire réfléchir à la manière dont nous nous représentons Dieu. Si pour moi Dieu est un dictateur qui n’agit que selon son bon vouloir, je ne puis que me rebeller ou être son esclave. En tant qu’ouvrier, en tant qu’esclave, je ne compte pas, je suis en faute, je n’en fais jamais assez. Si je me rebelle, il me faut me cacher, fuir et terminer ma vie loin de lui. Deux attitudes qui m’emprisonnent terriblement.

Mais si pour moi Dieu est un père au cœur généreux, alors je peux accepter de dépendre de lui, il ne me trompera pas. La vie qu’il m’a donnée, je puis la recevoir comme un don et non comme un dû. Que je sois dans l’inquiétude, le doute ou le chagrin, que je me sente perdue, éloignée, que je marche le cœur serré, son amour me précède, m’enveloppe et m’espère. Si Dieu est pour moi ce père qui laisse entière liberté à ses enfants, parce qu’il les aime et leur fait confiance, alors je puis moi aussi, être responsable de mon existence et vivre dans la joie et la reconnaissance en partageant sa tendresse.

Enfin, je crois qu’il y a une troisième manière d’être fils. C’est celle qu’incarne le personnage qui se trouve en filigrane de cette parabole. Jésus, le Fils qui fait la joie de son Père, le Christ, Fils par excellence, qui est en pleine communion avec son Père. Tout ce qui est à moi est à toi, lui a promis son Père, et il est heureux, reconnaissant, débordant de joie de vivre avec son Père. Lui aussi dissipe ses biens, et dispense sa vie à tous ceux qui l’accueillent et acceptent ce que donne le Père. Le secret pour partager la joie de Dieu ? Marcher sur les traces de son Fils, pour inventer avec lui un monde plus humain et plus fraternel.

Sibelius concerto pour violon :

nédiction :

Béni soit Dieu, il nous a donné sa Parole pour que nous l’entendions, il nous a promis son Royaume pour que nous espérions. Allons avec nos sœurs et nos frères dans l’audace et l’adoration, « la joie de Dieu sera notre force ».

Le Seigneur de la paix vous donne lui-même la paix, en tout temps et de toute manière. Amen.

Pasteur Thierry Muhlbach.