Méditation 30 décembre 2020

Temps de NOËL

NOËL serait-il à peine commencé que déjà terminé ?

Non ! Car nous n’aurons jamais fini de méditer et de vivre cette inouï que nous rappelle la naissance du Christ :

Emmanuel, Dieu avec nous, Dieu au-dedans de nous, Dieu au-delà de nous…
Dieu caché au cœur de nos existences, Dieu si discret qu’il ne s’impose jamais, mais s’invite avec une infinie délicatesse et une douceur divine…

Ce mystère de « l’incarnation », comment le recevoir, chaque jour, comme une bonne nouvelle, un message neuf, et cela d’autant plus au seuil d’une année nouvelle…

Comme dans les autres méditations que j’ai partagées durant ce mois, je vous invite à suivre l’exemple de Marie, en citant à nouveau ces parles du grand réformateur Luther dans son commentaire sur le Magnificat :

« La douce mère de Dieu nous enseigne par l’exemple de son expérience et par des mots comment on doit reconnaître, aimer et louer le Seigneur. »

Nous prions * :
Esprit Saint, viens souffler tes chants sur nos nuits sans espoir, viens réveiller notre longue attente, nos longs silences, par un mot, une phrase, une histoire. Mets en route nos corps encore ensommeillés vers le lieu de la rencontre, celui de la naissance ensoleillée, là où Marie nous ouvre son cœur de mémoire.

Nous chantons ou écoutons :

Toute nuit revit dans le silence

1 – Toute nuit revit dans le silence
Le secret qui fit le premier jour.
Cette nuit nous chante la naissance
Où Dieu met au monde son amour.

Refrain:
La voici, la nuit de Dieu,
D’où le jour va naître comme un feu.

2 – Toute nuit pressent que la lumière
Jaillira de l’aube qu’elle attend
Cette nuit apprend que sa lumière
Donnera le jour à tout vivant.

3 – Toute nuit contient son poids d’angoisse
Quand le noir nous couvre de son toit
Cette nuit retient l’instant qui passe
Pour avoir le temps d’être à la joie.

4 – Toute nuit apporte à nos misères
Les bienfaits du calme reposant
Cette nuit tout nous vient d’une mère
Qui nous fait le don de son enfant.

5 – Toute nuit accepte l’impuissance
Pour que l’or scintille à son Levant
Cette nuit Dieu cache sa puissance
Au trésor qu’il livre en cet enfant.

6 – Toute nuit sait bien qu’on chante et danse
Quand s’en va la fête pour longtemps
Cette nuit la fête qui commence
Chantera jusqu’au-delà des temps.

Silence et contemplation
Je vous invite maintenant à faire silence et à vous remémorer la scène de la Nativité, en observant attentivement cette image.

Ecoutons cette parole :

« Marie retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. »  Luc 2, 19

Pistes de réflexion 

Dieu se tait et les hommes s’habituent à ce silence ; certains en concluent même que Dieu n’existe pas. Si Dieu existait, disent-ils, il empêcherait les catastrophes naturelles, il ne permettrait pas que des petits enfants par milliers meurent de faim, que les hommes continuent de s’entretuer aux quatre coins de la planète, que ce satané virus mette à terre l’économie de pays entiers et cause la mort de milliers, voire millions de personnes.

Oui, Dieu semble se taire et la fête de Noël pourrait même s’appeler la fête du silence de Dieu.

Car à Noël, Dieu se fait petit enfant : in-fans, ce qui en latin veut dire : qui ne parle pas.

Et pourtant quel langage que ce silence de Dieu pour qui sait l’entendre !

Pendant plus de mille ans, des prophètes nous ont transmis le langage mystérieux de ce Dieu qui sans cesse et sous différentes formes nous redit son grand dessein d’amour pour l’humanité.

Le prophète Isaïe l’a annoncé des siècles plus tôt, ce salut apporté par Dieu : « Voici que la jeune femme enfantera un fils, on l’appellera Emmanuel, Dieu-avec-nous… (Esaïe 7, 14)

Étonnant : Dieu nous parle par cet enfant qui ne peut pas parler.

Les anges proclament : Aujourd’hui vous est né un Sauveur, le Messie, le Seigneur Dieu. (Luc 2, 11)

Voilà comment se révèle à nous, dans un grand silence, dans le secret de la nuit, l’amour infini de Dieu pour nous.

Comprenons bien : dans ce petit enfant dont nous célébrons la naissance à NOËL, il nous est donné de voir bien plus que seulement un petit d’homme.

Cet enfant qui est couché dans la crèche est le propre Fils de Dieu manifesté dans la chair. Et cela ne relève nullement du fantastique. Nous ne sommes pas dans un conte de fées.

Nous sommes à fleur d’Évangile devant le mystère de l’Incarnation, un mystère d’humilité et de gloire, de petitesse et de grandeur, qui nous dépasse et que l’on ne peut saisir que par l’intelligence du cœur.

Nous sommes placés face au Mystère de Dieu qui se communique lui-même par le don de sa Parole. Or, cette Parole est entrée dans le temps, dans notre histoire ; aujourd’hui cette Parole s’est faite chair, Christ est né.

Toute Parole s’accompagne de silence et n’est bien entendue que dans le silence.

Dans sa naissance comme dans sa mort, c’est le silence de Jésus qui nous parle davantage ; ce silence est le langage de l’amour, quand les mots ne suffisent plus et que la personne se donne elle-même, totalement.

Nous n’aurons jamais fini d’approfondir le sens de Noël, dans toute sa rudesse, dans toute sa simplicité et d’entendre son message bouleversant et inattendu.

Comme Marie qui méditait tout cela dans son cœur, nous ne pouvons qu’entrer dans le silence, le silence des commencements…

C’est dans le silence et le secret de son cœur que Noël peut retrouver un sens, que la Parole est accueillie et qu’elle peut nous apporter une joie profonde.

C’est dans le silence et le secret de son cœur que peuvent germer les changements dont nos communautés et nos sociétés ont tant besoin.

Quelles sont nos intentions pour la nouvelle année ? Et si nous faisions silence ces prochains jour pour laisser monter ce qui vient du fond de notre cœur et que le Souffle Saint nous inspire…

J’en suis pour ma part convaincue : ce n’est que dans le silence de nos cœurs que peuvent germer de nouveaux élans, de nouveaux projets, de nouvelles manières de vivre et de penser.

Que le Seigneur nous fasse la grâce de silences féconds, de patience, de bienveillance et de discernement pour qu’un nouveau printemps jaillisse de nos hivers.

Marie Laforêt, La voix du silence

Autrefois, je ne savais pas
Qu’il est des mots qu’on n’entend pas
Mais un soir une ombre est venue
Qui m’a dit : « Écoute un peu plus
Une voix te parle aux mots inconnus
Entends-tu
Tout bas la voix du silence ? »

Je m’en suis allé promener
Les peupliers se sont penchés
Pour me raconter des histoires
Qu’ils étaient les seuls à savoir
Et le vent et la mer
Doucement me parlaient
J’entendais
Chanter la voix du silence

Et depuis j’ai vu bien des gens
Qui jetaient des mots à tous vents
Et qui discouraient sans parler
Qui entendaient sans écouter ou proposaient des chants
Que nulle voix n’ont repris
Et leurs cris
Couvraient la voix du silence

Les hommes ne voient plus les fleurs
Ils en ont pris des rides au cœur
Ils espèrent en faisant du bruit
Meubler le vide de leur vie
Et même au ton, sans un bruit
En gouttes de rosée
Étouffées
Comme la voix du silence

Toi tu dors à mon côté
Et je n’ose pas te parler
De peur que mes mots se confondent
Avec le bruit que fait le Monde
Mais je t’aime tant
Qu’un jour tu comprendras
Tu m’entendras
Crier les mots du silence

Prière *

Donne-nous Seigneur, comme à Marie, un cœur qui accueille et médite ta Parole, en la mettant en pratique.

Alors nous recevrons le don de ton unité ! Unité que la crèche révèle entre ciel et terre, entre hommes et bêtes, entre riches et pauvres, entre gens d’ici et d’ailleurs.

Dès lors tu es parmi nous et à travers ta mort et ta résurrection, tu attires à toi l’humanité et le cosmos. Amen.

Bénédiction pour l’An nouveau

Le Seigneur soit devant toi pour te guider sur le droit chemin
Le Seigneur soit à tes côtés
Pour te prendre dans ses bras et te protéger
Le Seigneur soit derrière toi
Pour te garder de la perfidie des méchants
Le Seigneur soit au-dessous de toi
Pour te rattraper si tu tombes et te tirer des pièges
Le Seigneur soit en toi pour te consoler quand tu es triste
Le Seigneur soit autour de toi
Pour te défendre si on t’assaille
Le Seigneur soit au-dessus de toi
Pour te bénir
Et qu’ainsi te bénisse le Dieu de toute bonté
Sedulius Caelius (425-450)

Olivier Messiaen, La Nativité du Seigneur

*Prières tirées de « Ecole de la Parole, à l’écoute de Marie »

Karin Phildius, pasteure